Mardi 20 avril, une concertation devait avoir lieu entre les organisations syndicales et patronales et Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Au programme : l'élargissement de la vaccination prioritaire aux professions dites « de seconde ligne ». « Je pense par exemple aux éboueurs, aux conducteurs de bus », déclarait la ministre sur France Inter, le 19 avril.
Pour l'heure, la priorité est donnée aux professionnels d’établissements et de services médico-sociaux (ESMS) de part leur statut juridique, mais exclut les personnels des associations. « Compte tenu du fort taux de contamination constaté dans certains hébergements collectifs, nous demandons depuis plusieurs semaines que tous les professionnels au contact du public puisse accéder rapidement à la vaccination. C’est un enjeu de santé publique mais aussi de continuité des activités », déclare Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
Les personnels des associations oubliés
Sur le terrain, en effet, maraudes, accueils de jour, centres d’hébergement, haltes de nuit... continuent d’assurer leurs services auprès de dizaines de milliers d’usagers. « En ce moment, tout le monde est confiné sauf les personnels des associations. Or les usagers de nos structures et les professionnels relèvent du calendrier vaccinal normal. Malgré nos revendications, nous avons obtenu, pour seul résultat et de haute lutte, la priorité pour les modes de garde d’enfants », indique Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité.
Même constat du côté du logement accompagné. « Comme la limite d’âge descend, nos attentes vont de fait finir par se réaliser », ironise Arnaud de Broca, délégué général de l'Union professionnelle du logement accompagné (Unafo). Pourtant, certaines activités s'apparentent à celles d’établissements médico-sociaux dont les professionnels sont considérés prioritaires. « En pension de famille, par exemple, la prise en charge se construit entre le logement et la dimension collective. Et les problèmes de précarité, d’addictions, de santé mentale, voire de violences, s’accentuent depuis un an », pointe le délégué général.
Difficile sensibiisation des publics
Des paradoxes interviennent aussi sur un même secteur. Quel que soit leur âge, la vaccination des acteurs associatifs de centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ou de l’aide sociale à l’enfance (ASE) a démarré. « Plus de la moitié de nos salariés sont vaccinés. Nous demandons maintenant un élargissement de la vaccination à ceux de structures du premier accueil des demandeurs d’asile (Spada) ainsi qu’à ceux effectuant des maraudes », interpelle Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d’asile.
Côté bénéficiaires, les arguments sont différents. « En termes de priorité, il est normal que les publics migrants soient traités de la même manière que dans le droit commun, excepté les personnes résidant en Foyers de travailleurs migrants et souvent âgés », précise-t-elle. Ces derniers sont prioritaires à partir de 60 ans mais pas les salariés qui les accompagnent.
L'enjeu porte aussi sur la sensibilisation à la vaccination des publics. « Nous avons demandé aux agences régionales de santé de grandes campagnes de communication car les salariés ne sont pas à même d’informer de manière précise », souligne Arnaud de Broca. Pour sa part, Emmaüs Solidarité a opté pour des visioconférences à destination des professionnels et des usagers ainsi que la distribution d’outils sur la stratégie vaccinale en 23 langues.