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Dissolution de l’Assemblée : les acteurs sociaux inquiets mais mobilisés

Le président de la République a pris tout le monde de cours, dimanche 9 juin au soir, en décidant d'organiser un nouveau scrutin dans trois semaines.

Crédit photo Capture écran TF1
Depuis l’annonce dimanche dernier par Emmanuel Macron de l'organisation, d'ici au 30 juin prochain, de nouvelles élections législatives, les responsables associatifs se font entendre. Ils comptent peser dans le débat qui précèdera cet appel aux urnes précipité.

« Beaucoup d’incertitudes et d’inquiétudes » (GEPSo)

Le GEPSo dénonce un coup d’arrêt brutal des travaux engagés au Parlement, empêchant de faire évoluer les droits des personnes vulnérables. Il estime que la dissolution de l’Assemblée nationale remet en cause les principes d’inconditionnalité et d’universalité de l’accueil.

Dans un communiqué, l’association nationale d’établissements et services publics sociaux et médico-sociaux appelle « de ses vœux à une reprise dans les plus brefs délais, à l’issue des élections législatives, de l’ensemble de ces chantiers prioritaires » : suppression de la commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance et de la délégation aux droits des enfants, suspension des discussions avec les parlementaires sur la proposition de loi sur les taux et normes d’encadrement, incertitudes sur les moyens financiers liés au plan de transformation des Esat (Etablissements et services d’aide par le travail), suppression du Conseil national de la refondation de la psychiatrie, loi Grand âge, suite du Livre blanc du travail social,…

« Les besoins et attentes des personnes en situation de vulnérabilité ne peuvent pas attendre et ne devraient pas souffrir de l’instabilité à l’œuvre », affirme le groupe qui réunit plus de 700 établissements publics du secteur. « Pour avancer efficacement et soutenir un secteur en grande souffrance, nous avons besoin de partager une réelle vision et de politiques publiques sociales et médico-sociales stables ».

« Alerte rouge pour le vivre-ensemble » (Collectif Handicaps)

Les 54 associations du collectif Handicaps ont publié, jeudi 13 juin, un communiqué pour dénoncer « l'instabilité politique » consécutive à la dissolution et aux « remaniements successifs », un contexte qui selon l'organisme « freine et dessert la politique publique du handicap », estimant que « les 12 millions de personnes en situation de handicap et 9 millions d’aidants en France méritent mieux que des manœuvres politiciennes. »

Le Collectif Handicaps réitère son engagement « en faveur des droits et libertés fondamentales des personnes en situation de handicap et de leurs proches et aux principes de solidarité nationale ». estimant que « défendre les droits des personnes fragilisées voire exclues de la société, c’est avant tout refuser toute forme de discriminations ».

« Au nom de la cohésion nationale, le Collectif Handicaps appelle donc les citoyens et citoyennes à aller aux urnes les 30 juin et 7 juillet prochains.»

« Protéger les enfants exige une continuité d’action, de programme, de vision » (Cnape)

Alors que le secteur de la protection de l'enfance est en crise depuis déjà longtemps et que la commission d’enquête parlementaire censée contribuer à y remédier est elle-même « désormais caduque », la Cnape souhaite « sortir de la dictature du court-termisme » parce que « protéger les enfants exige une continuité d’action, de programme, de vision ».

La fédération compte rendre public un programme de gouvernement pour l’enfance, à destination des prochains responsables publics nationaux, afin de « ne plus perdre un jour sur les mesures à mettre en oeuvre en urgence ». Un appel au rassemblement est lancé le 25 septembre prochain, à Paris, pour appeler à « sauver la protection de l’enfance ».

 « Rendre les pauvres responsables des difficultés ne résout rien » (FAS)

Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Pascal Brice, souligne « l’inquiétude » qui ne cesse de grandir chez ses adhérents :

« Depuis la loi immigration, on constate un durcissement des politiques publiques et une tentation de stigmatisation des personnes en situation de pauvreté, notamment les étrangers. Leur situation s’est beaucoup détériorée ces derniers temps, comme celle des travailleurs sociaux et des bénévoles qui les accompagnent. Notre inquiétude, c’est de voir cette dynamique s’amplifier encore. »

Face au risque de voir les travaux en cours s’interrompre net, Pascal Brice remarque que « le coup d’arrêt est prononcé déjà depuis six mois » dans le secteur social. « Nous n’avons pas vraiment d’interlocuteurs, ou alors ils adoptent une position de fermeture, des discours de stigmatisation, qui fragilisent le monde associatif. »

Dans la foulée du vote de la loi « immigration », la FAS avait lancé un « plan de mobilisation et de vigilance » en février dernier. « Nous allons renforcer notre présence auprès de nos adhérents, nous montrer à l’écoute et accompagner les équipes pour porter nos messages dans le débat public. »

La FAS entend interpeller sur « les réalités de la pauvreté » et de la « fragilisation de celles et ceux qui accompagnent les personnes ». « Chacun doit prendre conscience que cette façon de rendre les pauvres responsables des difficultés de la société ne résout rien. Elle aggrave au contraire la situation de tout le monde », explique Pascal Brice.

Dans un communiqué, s’adressant à ses membres, la fédération soulignait, lundi, son « engagement » et son « soutien » pour « [les] accompagner, [les] protéger et faire vivre nos valeurs et nos réalisations ».

« On restera ferme sur nos valeurs » (Uniopss)

A l’Uniopss, le président Daniel Goldberg, interrogé par les ASH, qualifie d’« alarme » le résultat des élections, bien qu’il ne constitue pas « un rejet de tout ce que peut défendre l’Uniopss, notamment sur les questions de protection de l’enfance, de lutte contre l’exclusion, de handicap »

Le temps du débat politique aura beau être restreint, son organisation s’engagera, comme à chaque élection. « On va se réunir à nouveau avec les 60 membres du Pacte du pouvoir de vivre [instauré en 2019 par une vingtaine d’associations, syndicats et autres représentants de la société civile dont l’Uniopss, ndlr], pour avancer des propositions et prendre des initiatives. »

En décembre dernier, l’Union adoptait un projet stratégique 2024-2030 intitulé « Résolument humains ! » « On a fait le choix de penser à 2027 et à l’élection présidentielle pour être clair sur ce que l'on souhaite ou pas. On restera ferme sur nos valeurs », explique Daniel Goldberg.

« Quelle que soit la majorité à l’Assemblée nationale, et encore plus si le Rassemblement national accède au pouvoir, nous réaffirmerons l’inconditionnalité de la réponse, dans les politiques publiques, aux vulnérabilités, et aux inégalités sociales et territoriales. »

Avant même le résultat des élections législatives, l’Uniopss déplore l’arrêt de la commission d’enquête sur les manquements de la protection de l’enfance ou encore des débats autour de la loi de programmation pluriannuelle pour le grand âge.

L’Uniopss craint également de ne pas pouvoir peser sur la loi de finances 2025. « Nous n’allons pas disposer de ces temps de discussions préparatoires pour faire entendre notre voix, avant les grands arbitrages de l’été. »

La valse des ministres – quatre aux Solidarités depuis 2022 – et de leurs cabinets, « très importante » pour le secteur social et médico-social, « ne permet pas, selon Daniel Goldberg, un dialogue de qualité ».

« Comment peut-on porter des politiques publiques sur le long cours, si l’on change tous les 6-8 mois de ministres ?, demande le président. Nos associations sont réduites au rôle de sous-traitantes. Or nous avons besoin d’avoir de la visibilité dans les politiques publiques des solidarités. »

« Le RN veut trier les pauvres » (Collectif Alerte)

Dans un communiqué, le collectif Alerte, créé sous l’impulsion de l’Uniopss, insiste sur le « danger » que représente l’extrême droite « pour les victimes de la pauvreté ».

« Le Rassemblement national veut trier les pauvres. Ce parti porte la priorisation de l’accès à certains droits et infrastructures “aux Français”, par rapport aux étrangers vivant sur le sol hexagonal, même si ces derniers travaillent et cotisent en France. »

« Nous ne voulons pas de cette société », affirme le collectif qui craint « d’être entravé dans [ses] actions si l’extrême droite parvenait au pouvoir. »

Il appelle les responsables politiques à « répondre immédiatement à la crise sociale qui mine notre démocratie ».

« Nous ne lâcherons rien » (Lyes Louffok)

Dans un tweet, sur X, Lyes Louffok déclare, lui aussi, être d’ores et déjà mobilisé pour faire face aux conséquences de ce geste politique : « Avec la dissolution, nous n'avons pas seulement perdu la commission d'enquête sur l'ASE, mais aussi la délégation aux droits des enfants de l'Assemblée nationale. Nous ne lâcherons rien : nous nous battrons pour tout récupérer.»

>>> A lire aussi: Dissolution de l'Assemblée nationale : clap de fin pour la délégation aux droits des enfants ?

 

 

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