Le gouvernement avait prévenu : l’entrée en application, au 1er janvier 2025, de la loi pour le plein emploi, qui prévoit notamment l’inscription automatique auprès de France travail de tous les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) et des jeunes suivis par les missions locales inscrits dans un parcours d’insertion (CEJ, AIJ ou Pacea), allait mathématiquement faire grimper les chiffres du chômage. Au point d’avoir amené l’opérateur public de l’emploi à créer deux nouvelles catégories de chômeurs pour accueillir ces nouveaux inscrits : la catégorie F, pour les publics inscrits dans un « parcours social » destiné à lever les freins périphériques sanitaires ou sociaux empêchant tout retour rapide à l’emploi ; et la catégorie G, servant de « gare de triage » pour les nouveaux inscrits n’ayant pas été fléchés vers les autres catégories.
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Entrées perlées
Jusqu’en décembre 2024, on ne comptait qu’environ 40 % des allocataires du RSA et 30 % des jeunes des missions locales effectivement inscrits à France travail (et auparavant à Pôle emploi). Mais le ministère du Travail prévoit qu’en bout de course, ce sont près de 1,2 million de nouveaux entrants qui viendront gonfler les fichiers de l’ex-Pôle emploi.
L’opérateur a d’ailleurs choisi de perler ces entrées sur plusieurs mois. Le but : réguler le flux et laisser le temps à ses agents d’organiser les entretiens nécessaires à l'orientation des allocataires du RSA dans un parcours de retour à l’emploi concrétisé par un contrat d’engagement assorti de 15 à 20 heures d’activités obligatoires par semaine.
135 000 jeunes des missions locales en catégorie A
Une première radioscopie de ces nouveaux inscrits réalisée par France travail et la Dares est attendue d’ici au mois d’avril. En attendant ces données consolidées, les premiers chiffres mensuels de l’emploi publiés le 27 février par la direction des statistiques du ministère du Travail dessinent déjà une trajectoire de l’influence des entrants sur le nombre de chômeurs recensés pour le mois de janvier 2025.
Exceptionnellement publiée sans la traditionnelle note explicative associée, cette première pesée de l’année identifie cependant les 135 000 jeunes des missions locales venus grossir les rangs de la catégorie A et celle des demandeurs d'emploi sans activité, pour l’essentiel d’entre eux, portant le total des inscrits dans cette catégorie pour le mois de janvier à 3,38 millions de personnes.
Si quelques-uns d’entre eux ainsi que des bénéficiaires du RSA sont venus également gonfler les effectifs des catégories B et C (où sont affectés les chômeurs exercant une activité réduite), difficile de connaître la répartition exacte à ce stade en l’absence de toute analyse complèmentaire par la Dares.
Quid des 705 900 inscrits dans la catégorie G ?
En revanche, l’effet notable de la réforme « plein emploi » s’observe surtout dans les catégories nouvelles, puisque 1 600 personnes ont fait leur entrée dans la catégorie F et, surtout, 705 900 dans la catégorie G, en attendant leur orientation. « Aujourd’hui, on ignore totalement comment ces personnes se verront réparties, quels effets cela entraînera sur l’effectif des différentes catégories, mais aussi dans quelle mesure, même si l’on pressent que la catégorie A absorbera une majorité d’entre eux », observe Olivier Guivarch, secrétaire national chargé de l’emploi et des parcours professionnels au sein de la CFDT.
Une chose est cependant sûre aux yeux du syndicaliste : la baisse généralisée des dotations aux différents acteurs de l’accompagnement vers l’emploi (missions locales, secteur associatif, IAE…) et des dispositifs d’insertion (emplois aidés, engagement jeunes, etc.) risque d’entraîner des conséquences délétères sur la capacité du service public de l’emploi à accompagner un certain nombre d’entre eux dans leur parcours vers l’insertion…
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