La situation est préoccupante. Désengagement massif et troubles psy semblent se développer à une vitesse alarmante chez les salariés des secteurs de la santé, du médico-social et de l’aide à la personne. C’est ce que révèle une étude réalisée par l’Ipsos et le cabinet d’experts en qualité de vie au travail et prévention des risques psychosociaux Qualisocial à l’issue d’une enquête menée fin 2023 auprès de 3 002 salariés de ces trois secteurs.
50 % de salariés désengagés
Ses conclusions sont sans appel : faute de conditions satisfaisantes de travail, seuls 12 % des sondés se déclarent encore « engagés » dans leur travail. Chez la moitié des répondants, c’est le désengagement qui prime (50 %) et pour 38 %, la passivité. Pire : alors que ces salariés occupent des fonctions de « première ligne » auprès des personnes en situation de maladie, de dépendance ou de perte d’autonomie, près d’un sur deux (49 %) ne se considère pas en bonne santé mentale. Dans le détail, ils sont 5 % à estimer l’état de leur santé mentale « très mauvais », 16 % « plutôt mauvais » et 28 % « ni bon, ni mauvais ». Une situation qui « soulève des questions cruciales sur la qualité de vie au travail dans ces secteurs vitaux », estime Camy Puech, président-fondateur de Qualisocial.
Les dirigeants appelés à être « irréprochables »
Alors que le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités enjoint depuis quelques semaines aux dirigeants d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux d'engager une transformation des conditions de travail de leurs salariés afin de renforcer l’attractivité des métiers, les travailleurs, eux, attendent de leur hiérarchie des comportements irréprochables en matière de qualité de vie au travail afin que celle-ci ne pèse ni sur leur santé, ni sur leur sécurité. C’est ce que réclament d’ailleurs 27 % des personnes interrogées. Elles sont 22 % à souligner l’importance de l’ambiance de travail dans la préservation de l’engagement et de l’équilibre mental et 14 % à estimer que l’organisation du travail et des tâches quotidiennes peut avoir des conséquences sur leur santé. Le confort au travail (11 %), l’égalité professionnelle (10 %) et la place donnée par les directions aux salariés (9 %) sont également cités comme éléments pouvant impacter l’engagement et la santé mentale, mais de façon moindre.
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Comment contrer la sinistrose ambiante ? « L'étude souligne l'importance des relations entre collaborateurs et avec les managers comme levier d’engagement au travail. Par ailleurs, l’écoute et l’environnement de travail sont facteurs de performance et d’engagement », rappelle Qualisocial. Selon les données établies par le cabinet, les organisations dans lesquelles les relations au travail entre collaborateurs sont satisfaisantes ont des salariés 17,8 fois plus engagés et 8,9 fois plus performants. Celles où les relations au travail avec les managers sont satisfaisantes ont des salariés 14,3 fois plus engagés et 4,6 fois plus performants. Celles où l’environnement de travail est confortable et adapté ont des salariés 6,8 fois plus engagés et 4,5 fois plus performants. Enfin, dans les organisations où l’employeur donne la parole aux personnels et est à leur écoute, les salariés sont 5,1 fois plus engagés et 2,8 fois plus performants.
