Signe des temps : alors que les intentions de recrutement des entreprises françaises s’écroulent sous l’effet d'une l’inflation persistante, de la mauvaise conjoncture internationale et d’un ralentissement économique général, les secteurs du sanitaire, social et médico-social, eux, peinent toujours à trouver des candidats pour pourvoir leurs emplois vacants comme l’indique l’édition 2025 de l’enquête annuelle sur les besoins de main d’œuvre (BMO) des entreprises publiée vendredi 11 avril par France Travail et le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).
Aides à domicile et auxiliaires de vie : 80% de recrutements jugés difficiles
Selon le baromètre, les projets d’embauche des entreprises, tous secteurs confondus, s’élèvent à 2,4 millions cette année, hors contrat de très courte durée ou missions d’intérim difficiles à anticiper. C’est 12,5% de moins qu’en 2024. Autrement dit : 350 000 emplois de moins à pourvoir en 2025, soit un retour au niveau des intentions de recrutement d’avant-Covid.
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Même s’il accuse lui aussi un recul de 8,4% par rapport à l’an dernier, le service aux particuliers demeure de loin le premier vivier d’emploi en 2025 puisqu’il regroupe 41,2% des projets d’embauche pour l’année en cours. Et sur le podium des 20 métiers les plus recherchés figurent particulièrement les professionnels de l’animation culturelle (63 830 postes à pourvoir), les aides à domicile et auxiliaires de vie (61 330 emplois dont 53 210 non-saisonniers), les aides-soignants (61 140 dont 50 380 non-saisonniers) ou les infirmiers et sages-femmes (35 840 intentions de recrutement). A noter une alerte particulière sur les postes d’aides à domiciles et d’auxiliaires de vie où 80% des employeurs anticipent des difficultés de recrutement.
Hémorragie de professionnels
Dans le secteur sanitaire, social et médico-social, patronat et syndicats s’accordent pour expliquer ces difficultés par les bas niveaux de salaires pratiqués par les établissements et services employeurs, qui seraient, de source syndicale, de 20% inférieurs aux rémunérations observées dans d’autres branches à niveau de qualification égal. Pire : ces bas-salaires et les conditions de travail dégradées seraient à l’origine de l’hémorragie de professionnels que connaissent ces secteurs depuis quelques années. Pour la CFDT Santé-sociaux, le secteur de l’aide à domicile aurait ainsi perdu 25 000 salariés, partis vers d’autres horizons professionnels plus rémunérateurs ; celui des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux à but non-lucratif, près de 50 000…
Pour autant, en période de recherches d’économies tous azimuts, les décideurs publics ne semblent pas décidés à ouvrir en grand les vannes du financement pour permettre à ces secteurs d’attirer les candidats en nombre suffisant. Le récent refus de l’Etat , faute de crédits suffisants, d’agréer un nouvel avenant salarial pour le secteur de l’aide à domicile et la présentation, presque concomitante, d’un projet de nouvelle grille des rémunérations - jugée pas à la hauteur - par les employeurs associatifs du sanitaire, social et médico-social lors de la négociation sur la nouvelle convention collective de la branche ont suscité des crispations chez les salariés de ces secteurs. De quoi déboucher sur une journée nationale de mobilisation le 1er avril dernier, sans pour autant que des pistes de sortie de crise ne soient esquissées au sommet de l’Etat…
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