Qu’il soit en séance d’éducation thérapeutique du patient, en entretien individuel ou en analyse de pratiques avec d’autres soignants, Stéphane Cognon (1) fait rapidement l’unanimité auprès de ses interlocuteurs. C’est qu’au-delà de la douceur qu’il dégage, son atout principal est son savoir expérientiel. « Je me sers de mon vécu pour distiller anecdotes et conseils aux patients que j’accompagne », résume le médiateur de santé pair (MSP) au Groupe hospitalier universitaire (GHU) de Paris depuis cinq ans, auparavant dans les travaux publics.
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Patient expert, pair-aidant professionnel, travailleur pair, pair praticien… Hétérogène dans son appellation, comme dans son statut (salarié ou libéral) et son lieu d’exercice (sanitaire, médico-social ou social), le médiateur de santé pair a pris une place primordiale depuis quelques années, à la faveur de son utilité en matière de santé mentale et dans le champ du handicap. Véritable pont entre les soignants et les patients ou les usagers, il est chargé d’apporter l’expertise unique issue de son parcours personnel.
« Sa mission consiste à proposer une compréhension complémentaire des besoins et demandes des usagers en s’appuyant sur sa propre histoire. Il joue aussi un rôle dans l’alliance thérapeutique grâce à sa capacité à faire le lien entre les soignants et les personnes concernées. Mais surtout il incarne une vision optimiste de la maladie ou du trouble », expose Bérénice Staedel, coordinatrice du programme médiateurs de santé pairs à Lille.
Complémentarité et proximité
Si parler de soi fait partie du métier, il ne s’agit pas uniquement de témoigner. Le médiateur de santé pair fait en effet appel à un savoir-faire professionnel forgé non seulement à partir de son expérience en tant que patient, mais aussi par le biais d’une formation ad hoc. Intégré à un service, il doit comprendre la posture des uns et des autres et articuler son action avec celle des soignants avec lesquels il partage un même objectif : le retour à l’équilibre et à la qualité de vie du patient. Accompagner les personnes dans une meilleure compréhension de leurs troubles, s’impliquer dans leur psycho-éducation pour les aider à mieux gérer leur quotidien en s’appuyant sur leurs propres ressources ou participer au renforcement de l’alliance thérapeutique avec les patients, en instaurant avec eux une relation de confiance… Ses missions sont multiples.
« Le fait d’avoir été dans le même bateau peut me rendre plus fiable aux yeux des premiers concernés. Ils se sentent plus à l’aise pour me parler de conditions de vie dont j’ai moi-même fait l’expérience. Ils sont curieux de voir comment je m’en suis sortie », décrit Véronique Barathon qui exerce ce métier depuis six ans auprès des patients avec des troubles psychiques sévères à l’hôpital du Vinatier à Lyon.
Rétabli avant tout
C’est parce qu’il a été acteur de son propre rétablissement, prérequis pour accéder à cette fonction, que le médiateur de santé pair est en mesure d’aider les autres. Autre compétence indispensable, connaître le système de soins et les différents dispositifs existants pour pouvoir communiquer avec les soignants. Enfin, cette profession suppose d’avoir le sens de l’écoute, pour être une oreille attentive aux besoins des autres, mais aussi de rester flexible et vigilant quant à ses propres limites.
Comment on le devient ?
Depuis une dizaine d’années, les formations dédiées à la pair-aidance se multiplient sous des formes et dans des structures diverses. Universitaires ou associatifs, ces cursus visent à transformer des savoirs expérientiels en compétences professionnelles. Accessibles, pour la plupart, avec le bac, ils accueillent des personnes rétablies ou en passe de l’être qui ont pris de la distance avec leur parcours personnel. Non obligatoires, ces formations permettent néanmoins aux futurs médiateurs de santé pair d’acquérir une posture d’accompagnement entre pairs et avec les autres professionnels.
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