Payer pour obtenir son revenu de solidarité active (RSA), ses aides personnelles au logement (APL), ou sa bourse étudiante… En d’autres termes : payer pour faire valoir ses droits. Aussi absurde que paraisse cette idée, c’est ce que propose le site « mes-allocs.fr » depuis 2018 dans l’indifférence générale. Pour l’Association nationale des assistants de service social (Anas) c’en est trop. Dans un communiqué publié le 4 avril 2022, elle dénonce des pratiques « mercantiles en totale violation de la loi ».
La plateforme en ligne propose ainsi aux internautes d’estimer leur éligibilité à certaines prestations sociales et d’être accompagnés par leurs « experts » dans la constitution de leur dossier (remplissage et envoi des formulaires), en contrepartie de frais d’inscription et d’un abonnement de 29,90 € par trimestre. L’Anas, qui souligne le « caractère illégal de l’activité de ce site Internet », a déposé plainte auprès de la procureure de la République d’Evry, et alerté les institutions en lien avec la sécurité sociale.
Marchandisation des services publics
La start-up justifie son existence par le « débordement » auquel font face les services sociaux. Or, pour les assistants de services sociaux dont le métier est l’accompagnement social, cette dernière se limite à une vision administrative et lucrative, et prospère en parallèle du service public gratuit mesdroitssociaux.gouv.fr.
Pour l’Anas, les prestations sociales de solidarité nationale sont « incessibles et insaisissables et ne peuvent faire l’objet de commerce ». L’association invite les pouvoirs publics à se mobiliser pour faire cesser l’activité de cette entreprise et de toutes celles similaires. Un courrier a également été adressé à la défenseure des droits, Claire Hédon, pour l’alerter de la situation.
Renforcer l'accueil et l'accompagnement
La dématérialisation croissante des services publics invite de nouveaux acteurs, aux visions plus mercantiles que philanthropiques, à se positionner en intermédiaires sur le marché des aides publics. Selon l’Anas, cette immersion du secteur privé dans le domaine des aides sociales est révélatrice du besoin « urgent de renforcer l’accueil et l’accompagnement de proximité » des personnes les plus précaires par une « politique publique volontariste ».