Bien que les données pour 2020 ne soient pas consolidées, le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) se porte bien, selon la Fédération des entreprises d’insertion. « 90 % des entreprises d’insertion et des entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) ont retrouvé le même niveau d’activité que celui précédant la crise sanitaire et sociale liée à la Covid-19. Certaines sont même en développement. Quant au niveau des 10 % restantes, il est loin d’être revenu à la normale, en particulier la restauration de type traiteur », indique Olivier Dupuis, secrétaire général de la fédération.
Si le chiffre d’affaires perdu n’a pas été reconstitué, plusieurs facteurs ont cependant assuré la stabilité du secteur. Parmi eux, la réallocation des aides aux postes d’insertion non consommées du fait de la crise et la mise en place de l’activité partielle. Ainsi, 200 millions d’euros ont été réinjectés dans le secteur de l’IAE et 100 millions, dans celui des entreprises adaptées (1).
« La moitié des fonds qui concernent notre secteur a servi d’amortisseur, et l’autre a été mise à disposition des entreprises au travers, à l’automne dernier, d’un appel à projet qui a beaucoup mobilisé et a fait office de plan de relance », explique Olivier Dupuis.
Autre facteur probant en matière de limitation des dommages : les clauses sociales mises en place dans le secteur du bâtiment ont incité les entreprises à recourir aux ETTI, ce qui a généré un effet de tension permettant la reprise des activités de ce secteur.
Maintien essentiel des activités
Les enjeux sont majeurs, comme l’attestent les résultats de la dernière enquête de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), publiée le 19 mars. En 2019, sur l'ensemble des structures, 3 843 étaient conventionnées par l’Etat, regroupant 134 300 salariés, dont 82 700 en équivalents temps plein. Or ces chiffres font état d’une hausse de 1,4 % par rapport à l’année précédente.
De plus, avant la crise, les indicateurs étaient au vert : en incluant les renouvellements, le nombre de contrats signés avait augmenté de 2,5 %.
Concernant leur répartition, la Dares indique que « les salariés de l’IAE travaillent surtout dans des ateliers et chantiers d’insertion (ACI, 39 %), des associations intermédiaires (AI, 39 %), mais aussi dans des entreprises d’insertion (EI, 12 %) et de travail temporaire d’insertion (10 %) ».
Répartition adaptée aux profils professionnels
Les métiers exercés au sein des entreprises sont multiples car les structures ne fonctionnent pas toutes sur le même modèle et embauchent des publics aux profils différents.
« La proportion de salariés travaillant dans les services à la personne ou à la collectivité est bien plus élevée en AI et EI (respectivement 65 % et 52 % en 2019) que celle des salariés en ACI ou ETTI (23 % et 19 %), révèle l’enquête. Dans les ETTI, le domaine de la construction est prépondérant (35 %) et celui du transport et de la logistique important (18 %). Dans les EI, les contrats sont signés, en majorité et de manière croissante, dans les métiers des services à la collectivité, en particulier dans la propreté et l’environnement urbain (27 %), ainsi que dans le nettoyage et la propreté industriels (20 %). Les salariés en ACI sont très présents dans la production agricole ainsi que dans l’entretien des espaces naturels et des espaces verts (36 %). »
Pour ce qui est des caractéristiques personnelles des employés, en 2019, le secteur recrutait majoritairement des hommes (63 %), des demandeurs d’emploi de longue durée (56 %), dont le niveau de diplôme était inférieur à celui du baccalauréat (80 %).
Croissance programmée
Pour assurer la croissance du secteur, la loi de finances pour 2021 prévoit 150 millions d’euros supplémentaires, alloués pour financer 30 000 nouvelles aides au poste. « Ils seront déployés sur des appels à projet », précise Olivier Dupuis.
Dernier objectif à atteindre : les 100 000 postes supplémentaires prévus d’ici 2022 par le Pacte d’ambition pour l’IAE de septembre 2019. « Pour créer de l’emploi, il faut du chiffre d’affaires (CA). Nos modèles économiques sont répartis entre environ 80 % de CA qu’il faut trouver et 20 % de financements publics. Pour chercher de nouveaux marchés, la commande publique doit se mobiliser davantage. En effet, en laissant les choses se faire, nous atteindrons les objectifs dans trente-cinq ans », conclut le secrétaire général de la Fédération des entreprises d’insertion.
Pour rappel, le secteur de l’IAE embauche, pour une durée limitée, des personnes très éloignées de l’emploi en raison de difficultés personnelles et professionnelles. La spécificité du parcours d’insertion se porte sur l’accompagnement social et personnalisé.
(1) Ces 300 millions d’euros proviennent du milliard d’euros prévu par le projet de loi de finances pour 2020 dans le cadre du Pacte d’ambition pour l’insertion par l’activité économique.