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Rentrée scolaire : des milliers d’enfants attendent devant le portail

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Des milliers d'enfants n'ont pas franchi le portail de l'école, ce lundi 2 septembre, en raison de leur handicap ou de leur statut de MNA. D'autres, en situation de précarité, ne bénéficient pas des conditions nécessaires à une scolarité normale.

Crédit photo Inna - stock.adobe.com
Handicap, précarité, MNA… Les facteurs d’exclusion à l’école sont aussi nombreux que récurrents. En cette rentrée 2024, la ministre de l’Education nationale démissionnaire, Nicole Belloubet, a beau se féliciter des 490 000 enfants en situation de handicap scolarisés et du recrutement annoncé de 3000 AESH supplémentaires, les associations dénoncent des mesures encore insuffisantes, même si certains dispositifs commencent à porter leurs fruits.

Handicap, des solutions encore très partielles

Déplorant le manque de données sur le nombre d’enfants en situation de handicap non scolarisés par l’Education nationale, l’Unapei donne à titre d’exemple des éléments locaux issus d’enquêtes réalisées au sein de son propre réseau. Les élèves porteurs d’un handicap mental sont tout particulièrement laissés sur le bord du chemin.

Dans l’Hérault, par exemple, sur 305 enfants accueillis au sein des établissements et services de l’Unapei, 34% n’ont aucune heure de scolarisation ; 40% ont moins de 6h par semaine ; 8% n’ont que 6 à 12h de scolarisation et seuls 25% ont plus de 12h hebdomadaires. Enfin, 258 enfants sont inscrits sur une liste d’attente, sans solution, avec une solution partielle ou encore avec une solution qui n’est pas adaptée à leurs besoins.

>>> Lire aussi : Handicap : "Que la ministre poursuive ses efforts et pense à nous !" (Adapei Sarthe)

 

Au-delà du chiffre, soigner l’accueil

C’est ce que revendique la Fédération Paralysés cérébraux France. Si près d’un demi-million d’élèves en situation de handicap fréquente aujourd’hui l’école, « l’accueil se résume parfois à quelques heures par semaine, avec des enseignants qui découvrent la complexité du handicap », explique son président Jacky Vagnoni. « Il est temps, poursuit le délégué général Pierre-Yves Lavallade, de changer de paradigme et de penser aux conditions de l’accueil. L’Education nationale a réussi un premier pari : accueillir les troubles les plus légers. Maintenant, elle doit s’attaquer aux plus complexes, et soigner la qualité. »

La Fédération plaide notamment pour une meilleure individualisation des parcours, en s’adaptant aux rythmes de chacun. Elle demande à revoir les organisations pour intégrer les soins dans les établissements, à former les équipes pédagogiques aux spécificités des handicaps, à ouvrir de manière systématique les accueils périscolaires à tous les enfants en situation de handicap. Enfin, elle insiste sur la nécessité d’éviter les ruptures de parcours en favorisant la collaboration entre l’Education nationale et le secteur médico-social.

 

Le bilan encourageant des UEMA/UEEA

L’ouverture de 62 classes ou dispositifs pour élèves ayant un trouble du neurodéveloppement (TND) – dont 31 unités d’enseignement maternelle/élémentaire autisme (UEMA/UEEA) et 31 dispositifs d’autorégulation (8 en école, 18 au collège et 5 au lycée) - s’ajoute aux 531 existants et portent à 47 000 le nombre d’élèves autistes scolarisés dans le milieu ordinaire. 

Qualifiés par l’Apajh (Association pour adultes et jeunes handicapés) de « leviers majeurs d’inclusion », les UEMA/UEEA permettent de scolariser en école ordinaire des enfants avec un trouble du spectre de l’autisme. « Elles font enfin entrer le médico-social dans les murs de l’école », se réjouit l'association.

L’Apajh relève toutefois des points de vigilance. Elle considère nécessaire « d’associer l’équipe pédagogique de l’école avant même l’ouverture d’une Unité d’enseignement autisme », d’instituer « des temps de concertation réguliers et formalisés pour les enseignants », et de « développer des formations croisées » entre équipes de l’Education nationale et du secteur médico-social. Pour que l’inclusion se réalise, il faut, selon l’Apajh que « le projet des UEMA/UEEA soit intégré au projet d’école comme au projet de l’établissement médico-social ».

Nouveauté de la rentrée 2024 : l’autorégulation, qui consiste à favoriser l’autonomisation progressive de l’élève, se déploie dans le second degré et s’adresse désormais à tous les types de TND (TDAH, DYS, TDI). Les DAR se distinguent par la présence permanente d’un enseignant dédié, d’éducateurs spécialisés et d’un psychologue. L’élève y fait appel dans un espace spécifique. Et demeure en classe ordinaire, seul ou accompagné par un éducateur spécialisé, le reste du temps.

 

Délais de scolarisation rallongés de 6 mois pour les mineurs isolés

Les mineurs non accompagnés (MNA) en attente de prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (Ase) sont laissés à la porte des écoles. C’est ce que dénonce l’association de soutien à la scolarisation et à l’insertion professionnelle Droit à l’école. « Venus en France au péril de leur vie, les MNA n’ont qu’une idée en tête : aller à l’école. Ce vœu tardera pourtant à être exaucé par les départements qui attendront que le juge des enfants ait statué sur leur minorité avant d’entamer des démarches auprès du rectorat », précise l’association. Bien connue des professionnels, cette réalité bafoue la présomption de minorité et rallonge les délais de scolarisation de six mois à deux ans, imposant aux adolescents l’acquisition de la maîtrise de la langue française, des apprentissages et du choix de leur orientation scolaire en un temps record.

Droit à l’école demande de toute urgence aux rectorats de mettre en œuvre un dispositif adapté et accessible à tous les jeunes, leur permettant une affectation rapide dans un établissement scolaire, sans intermédiation extérieure.

 

Sur le même sujet : Champ social : les sujets à suivre en protection de l’enfance 1/5)

 

La scolarité aussi entravée par la précarité

Au-delà du chiffre effarant de 2 043 enfants sans solution d’hébergement (nuit du 19 août), rendu public le 29 août lors du 6ème baromètre annuel publié Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), la précarité et le mal logement ont des impacts directs sur les conditions d’apprentissage de nombreux élèves.

Le CASP (centre d’action sociale protestant), qui accompagne et accueille 700 familles et 1 500 enfants par an, a recensé les priorités de ces derniers en termes de conditions de vie : le besoin d’intimité, l’accès à un environnement plus privatisé, des fournitures scolaires de meilleure qualité, un espace dédié pour faire ses devoirs ou encore une bonne connexion internet.

Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale du CASP, milite pour la création de « référents de scolarité » qui pourraient faire le lien entre l’enfant scolarisé en situation de précarité, l’établissement scolaire et les professionnels sociaux accompagnants.

>>> Lire aussi : Rentrée 2024 : plus de 2 000 enfants dorment à la rue

 

 

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