Dans son second volet publié le 5 juillet, l’enquête statistiques « Trajectoires et origines » réalisée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (Ined) éclaire sur les parcours des personnes immigrées et descendantes d’immigrés. Ceci pour tenter de comprendre comment les origines modifient l’accès aux ressources de la vie sociale. Menée auprès de 27 200 individus entre 2019 et 2020, elle intervient à la suite d’un premier bilan effectué en 2008 et 2009.
En France, 9 % de la population est née à l’étranger de nationalité étrangère, 12 % est descendante directe d’immigrés (au moins un parent) et 10 % des moins de 60 ans sont des petits-enfants d’immigrés. Deux tiers des mineurs sont d’origine africaine et neuf personnes sur dix de plus de 60 ans d’origine européenne. La moitié des individus de la deuxième génération est issue d’un couple mixte et 37 % des immigrés vivent en couple avec un conjoint non immigré, contre 85 % des descendants d’immigrés.
Le niveau scolaire s'améliore
L’éducation connaît une évolution croissante. « Parmi les personnes sans ascendance migratoire, 43 % sont diplômés de l’enseignement supérieur alors que pour leurs parents, la part s’élève à 20 %. Actuellement, ceux qui s’en rapprochent le plus sont les enfants issus de couples mixtes et les familles dont les grands-parents étaient immigrés », indique Mathieu Ichou, chercheur à l’Ined. Par ailleurs, 72 % des enfants d’immigrés ont un diplôme plus élevé que celui de leurs parents dont le niveau scolaire est majoritairement faible.
« Il suffit donc que l’un des parents soit né en France pour que le niveau de diplôme rattrape celui du reste de la population […] Le niveau atteint reste cependant inférieur à celui des descendants de natifs », rappelle le rapport.
La seconde génération plus discriminée
L’accessibilité aux professions intermédiaires ou supérieures demeure inégale : 77 % des descendants de natifs y parviennent contre 75 % des descendants d’immigrés européens, 63 % pour les maghrébins, 67 % pour les asiatiques et 71 % pour les africains. Des chiffres qui s’expliquent en partie par les inégalités à l’embauche. « Les écarts par rapport aux descendants se réduisent à la deuxième génération, mais ne disparaissent pas, notamment pour les enfants d’immigrés d’Europe du Sud, du Maghreb et surtout de Turquie », pointe encore l'enquête.
En 2019 et 2020, 19 % des 18-49 ans estiment avoir subi des traitements discriminatoires, contre 14 % en 2008 et 2009. Cette augmentation concerne principalement les femmes pour des motifs sexistes (46 %). Chez les hommes, la principale raison avancée concerne leur origine (58 %). Pour les personnes musulmanes, la discrimination se déplace de l’origine vers la religion par rapport à 2008-2009. « Les descendants d’immigrés sont plus discriminés que les immigrés eux-mêmes », précise Patrick Simon, directeur de recherche à l’Ined. Mais seules 2 % des victimes déclarent avoir porté plainte.