En 2021, plus d’une femme sur cinq et près d’un homme sur six déclarent avoir subi, avant l’âge de 15 ans, une violence intrafamiliale de nature psychologique, physique ou sexuelle. Tel est le constat dressé par la dernière étude statistique du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.
Publiée le 21 novembre et basée sur le témoignage de 9 000 individus âgés de 18 à 74 ans, cette dernière dresse le tableau des violences exercées sur des enfants ainsi qu’entre partenaires au sein d’un couple. « Le vécu des victimes sur vie entière est systématiquement exploré, selon une approche genrée, afin de caractériser finement les violences subies et de décrire la fréquence, la durée des faits et le lien entre l’auteur et la victime », précise le ministère.
Des violences sexuelles intrafamiliales
12 % des personnes interrogées rapportent avoir subi des violences physiques de la part de l’un de ses parents ou des deux, au cours de son enfance. Les agressions sexuelles concernent, quant à elles, un individu sur onze. Elles interviennent davantage dans la sphère intrafamiliale et concernent majoritairement les femmes (54 %). « Les violences subies dans l’enfance au sein de la famille s’installent dans la durée et sont plus souvent répétées que les mêmes faits subis en dehors de la sphère familiale », analysent les auteurs du rapport. Par exemple, 68 % des femmes victimes de sévices sexuels signalent des faits récurrents, contre 52 % des hommes. Par ailleurs, ce type de violence survient principalement avant l’adolescence.
47 % des sondés dénoncent un membre de leur famille : 18 % citent un de leurs parents, un frère ou une sœur, quand 29 % désignent des personnes aux liens plus éloignés comme un grand-parent, un oncle ou un cousin. 95 % des auteurs sont des hommes.
Dans les violences parentales, le père est l’auteur dans 60 % des cas d’humiliations ou de violences physiques envers la mère. Dans les cas d’agressions sur les enfants, « il reste le plus souvent impliqué seul mais la mère est également fréquemment seule auteure de violences et est presque aussi souvent en cause que le père quand il s’agit des humiliations répétées ».
Trois fois plus de femmes victimes
Plus de la moitié des victimes indique s’être confiée sur sa situation, « le plus souvent à un membre de la famille (44 %), des amis ou voisins (21 %) ». Les services sociaux ou de santé recensent, pour leur part, 8 % des témoignages. Les victimes d’auteurs externes à la famille le déclarent rarement (1 sur 25).
Si une majorité des sondés déclare s’être confiée à un proche, 27 % des femmes et 10 % des hommes indiquent avoir témoigné des faits à des services sociaux ou de santé. 14 % d’entre eux ont contacté un service d’assistance ou une association d’aide aux victimes.
Près d’un quart des personnes interrogées indique avoir déjà subi des violences psychologiques et 10,9 % des violences physiques ou sexuelles au sein du couple. Ces dernières touchent trois fois plus de femmes que d'hommes. « La grande majorité (75 %) des hommes qui déclarent avoir subi au moins une fois depuis l’âge de 15 ans des violences psychologiques par partenaire n’ont par ailleurs jamais été victimes de violences physiques ou sexuelles », souligne l’étude. Tout sexe confondu, 10 % des individus ayant connu des faits de violences les ont subi au cours de plusieurs relations.