En pleine cinquième vague de l’épidémie de Covid-19, Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), alerte une nouvelle fois sur le manque de protection des personnes privées de liberté. « Pas un mot n’a été prononcé par les autorités sur la condition, pourtant très inquiétante, des prisons, des centres de rétention administrative, des locaux de garde à vue et des hôpitaux psychiatriques », signale-t-elle. Et ce, malgré les courriers qu’elle a adressés le 6 janvier dernier au ministre des Solidarités et de la Santé, à celui de l’Intérieur et au garde des Sceaux, les y interpellant sur l’urgence à agir pour que les droits fondamentaux des personnes enfermées soient respectés.
Dans les prisons, 1 074 détenus ont été testés positifs à la Covid-19 début janvier. Entre novembre et décembre 2021, leur nombre s’est multiplié par trois, principalement en raison de la promiscuité imposée par la surpopulation carcérale. Ainsi, malgré les alertes répétées, les incarcérations sont passées de 62 935 en 2020 à 69 992 détenus au 1er décembre 2021, Le taux de vaccination est, quant à lui, inférieur à celui la population générale : au début décembre dernier, 57,6 % des détenus avaient reçu au moins une dose, contre 77,6 % dans la population générale.
Mépris des règles de prévention sanitaire
Même constat, selon la CGLPL concernant les personnes placées en centres de rétention administrative (CRA), où les chambres et les repas sont collectifs : « Malgré la dégradation de la situation sanitaire, les CRA restent ouverts à pleine capacité, au mépris du risque d’atteinte à la santé des personnes qui y sont hébergées ou y travaillent. » D’autre part, le signalement des personnes affichant une vulnérabilité aux formes graves de la Covid-19 est préconisé par la CGLPL, qui appelle à une vaccination systématique.
Par ailleurs, en ce qui concerne les établissements psychiatriques, Dominique Simonnot déplore, comme lors des précédentes vagues d’épidémie, la confusion entre confinement sanitaire et mesures d’isolement qui persistent dans le temps. « Les contraintes liées à la crise sanitaire ne doivent pas impacter les règles régissant les soins sans consentement et l’isolement. Elles ne doivent pas davantage entraîner de restrictions excessives aux échanges des patients avec l’extérieur », précise-t-elle.