Confronté à d’importantes difficultés de recrutement, le secteur médico-social multiplient les initiatives. Par exemple, en 2016, huit associations de gestionnaires de la région Occitanie ont eu pour idée de mutualiser leurs ressources en créant CoopEmploi, une société coopérative d’intérêt collectif à but non lucratif. « Concrètement, des professionnels sont embauchés en tant qu’intérimaires, avec les mêmes droits qu’un salarié de l’association utilisatrice. Mais quand ils ne travaillent pas dans l’association A, on leur donne la possibilité de se rendre dans la structure B ou C », explique Ali Mokadem, le directeur général.
Démarrée avec 70 équivalents temps plein, l’expérience est un succès. A ce jour, la société emploie 2 300 personnes tous les mois dans 11 départements et dans tous les champs du secteur : protection de l’enfance, handicap, personnes âgées, et même sanitaire. « Cette réussite ne masque malheureusement pas tous les manques. Il y a encore beaucoup de postes vacants, surtout pendant les congés, déplore Ali Mokadem. Nous avons donc continué à expérimenter. » C’est ainsi qu’est né le dernier projet local : un partenariat avec la Tunisie qui a pour objectif de faire venir temporairement, dans un cadre bien précis, des professionnels qualifiés pour effectuer des missions de renfort dans les structures partenaires.
« Gagnant-gagnant »
Dans les faits, le 27 juin dernier, 13 Tunisiennes ont débarqué dans les locaux de CoopEmploi à Toulouse. Aides-soignantes diplômées de formation mais ne disposant pas d’équivalence internationale, elles vont être embauchées pendant trois mois comme agents de soins dans sept associations adhérentes (six Ehpad et un foyer d’accueil médicalisé). « Travaillant essentiellement dans le sanitaire, elles ont un excellent niveau, proche de ce que fait une infirmière en France, constate Ali Mokadem. Elles sont venues chercher une expérience mais également un revenu car, il faut le dire, le salaire proposé par CoopEmploi est supérieur à ce qu'elles gagnent chez elles. »
Un dispositif « gagnant-gagnant » mis en place, sous une autre forme, par le groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Palaios, auquel adhèrent deux associations gestionnaires de quatre Ehpad en Aveyron. Ces établissements ont lancé deux types de partenariats différents avec la République du Congo. « Dans un premier temps, nous avons recruté deux infirmières congolaises pour une durée comprise entre un an et un an et demi, renseigne Pierre Roux, directeur d’un des Ehpad. Ne disposant pas d’équivalence, elles travaillent comme faisant-fonction d'aides-soignantes. » Arrivées il y a quelques semaines, elles ont d'abord suivi une formation de quelques jours, à Montpellier, afin d’assurer la transition entre les conditions d’exercice au Congo et en France.
Transformer l’essai
« Nous avons aussi embauché six stagiaires, indique Pierre Roux. Elles ne sont pas nécessairement qualifiées mais veulent devenir soignantes dans leur pays. Nous les formons sur une période de six mois à un an pour que, une fois de retour au Congo, elles puissent exercer. » Que ce soit avec la Tunisie ou le Congo, la volonté des employeurs est d’arriver à transformer l’essai et pérenniser les dispositifs. Car, comme le déplore Ali Mokadem, « les difficultés de recrutement ne s’arrêtent pas à la fin de l’été ».
