Souvent perçue comme un tabou, la sexualité est « un aspect central de l'être humain qu’il est donc légitime d’intégrer à l’accompagnement social et médico-social », assure la Haute Autorité de santé. Dans une note de cadrage publiée début juin, elle estime que la vie affective et sexuelle doit s’inscrire « dans un vaste mouvement de promotion de l’auto-détermination des personnes accompagnées, de la co-construction de leur projet personnalisé et du respect de leurs droits et libertés ».
Si les pratiques professionnelles diffèrent selon les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS), six grands axes communs se sont dégagés des différents témoignages recueillis au cours de l’enquête.
Les professionnels en difficulté
Premier constat : dans les structures, la sexualité est d’abord appréhendée sous l’angle des risques. Agressions sexuelles entre résidents, masturbation en public ou compulsive, paroles ou gestes déplacés à l’égard des professionnels, chantage affectif sur les réseaux sociaux, conduites pré-prostitutionnelles…, « l’intervention institutionnelle ou professionnelle se traduit prioritairement par des interdictions ou vise à réguler l’expression de la sexualité dans le collectif », déplore la HAS.
Autre enseignement : les professionnels sont en difficulté sur cette thématique. Ils se sentent souvent insuffisamment outillés sur les concepts théoriques, les connaissances pratiques et les supports pédagogiques. Ils s’estiment aussi en tension permanente entre « devoir de protection » et « liberté des personnes » et regrettent de ne pas toujours avoir les moyens de développer des actions en raison d’autres objectifs prioritaires d’accompagnement (obtenir un titre de séjour, donner du sens à la sanction pénale, mettre à l’abri...).
Des recommandations en 2024
Parmi les autres problématiques communes à tous les secteurs, la HAS insiste sur les violences sexuelles et le déficit de connaissances, notamment sur la notion de consentement. « Les personnes accompagnées en ESSMS ne disposent pas toujours des compétences psychosociales suffisantes pour donner leur accord et exprimer un refus », souligne l'instance.
Cette note de cadrage prépare des recommandations (dont la publication est prévue pour 2024) qui auront pour objectif de fournir des repères et des outils aux professionnels du secteur en vue, entre autres, de promouvoir une approche positive de la sexualité, de prendre en compte les besoins et attentes de la personne accompagnée dans son projet personnalisé et de prévenir, repérer et gérer les comportements sexuels problématiques, ainsi que les violences.