Recevoir la newsletter

Mal-logement : 15 millions de personnes touchées par la crise

Article réservé aux abonnés

Pauvreté précarité rapport fondation abbé Pierre mal-logement 2025 handicap expulsions locatives sans domicile précarité énergétique

4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement ou de manque de logement, selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre.

Crédit photo Adobe Stock

Rendu public le 3 février, la 30e édition du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre montre une nouvelle fois les conditions délétères d’habitation subies par des millions de ménages. Cette année, la fondation pointe aussi les difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap.

4,2 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement. Les premiers chiffres publiés le 3 février dans le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement donnent le ton quant aux conditions précaires dans lesquelles sont contraints de vivre les publics les plus vulnérables.

Plus d’un million de personnes sans domicile

Sur la base de données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ainsi que de l’actualisation de données administratives (1), le document décline une multitude de degrés aux situations de mal-logement :

  • 12,1 millions de personnes sont concernées ;
  • 15 millions sont touchées, à un titre ou à un autre par la crise du logement ;
  • 1 118 000 personnes sont privées de logement personnel ;
  • Sur l’ensemble, 350 000 vivent en hébergement généraliste, en centre d’accueil pour demandeur d’asile (Cada), à l’hôtel, dans un abri de fortune ou à la rue. Le dernier rapport estimait cette part de la population à 330 000 ;
  • 643 000 sont hébergées chez des tiers de manière très contrainte.

>>> A lire aussi : la Cnape saisit les recommandations de la Défenseure des droits au bond 

« Le recensement de la population dénombrait en outre, en 2017, 100 000 personnes en habitations de fortune, tandis que 25 000 personnes vivaient à l’hôtel en 2013 par leurs propres moyens », notent les auteurs du rapport.

La majorité des chiffres montre une dégradation du nombre d’individus touchés par le sans-abrisme :

  • Le nombre de personnes sans domicile a plus que doublé depuis 2012 et même presque quadruplé depuis 2001 ;
  • Celui des per­sonnes en hébergement contraint chez des tiers a grimpé de 19 % entre 2002 et 2013 ;
  • Les ménages en sur­peuplement accentué sont de plus en plus nom­breux, alors que la tendance jusqu'alors était plutôt à la baisse.

Près de 3 millions d’individus mal logés

Le nombre de personnes mal logées s’élève, quant à lui, à 2 874 000. Autant de ménages dont les conditions de logement se révèlent « très difficiles » du point du vue du confort. « 1 128 000 personnes vivent en surpeuplement dit "accentué", c’est-à-dire qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement, d’après les résultats provisoires de l’Enquête nationale logement 2020 », souligne le rapport.

>>> Sur le même sujet : Que contient le texte voté en commission mixte paritaire 

En parallèle, 31 000 résidents de foyers de travailleurs migrants en attente de rénovation évoluent dans des conditions de vé­tusté parfois dramatiques. Pour leur part, les personnes en habitat mobile de mauvaise qualité sont au nombre 208 000.

La fondation observe par ailleurs des conséquences insidieuses à la crise du logement. Elle indique en effet qu’autour « de ce noyau dur du mal-logement, consti­tué de 4,2 millions de personnes, se dessine un halo beaucoup plus large, aux contours parfois flous, de personnes affectées par la crise du loge­ment, de manière moins prégnante, mais avec de réelles répercussions sur la vie de famille, la san­té, l’environnement quotidien, le confort ou les fins de mois ».

Impayés de loyers et précarité énergétique

Autre donnée : 1 210 000 personnes locataires étaient en situation d’impayés de loyers ou de charges au moment de l’enquête, s’exposant ainsi à une pro­cédure d’expulsion.

3 558 000 personnes se trouvent confrontées à la précarité énergétique. « L’effort financier excessif concerne pour sa part les ménages modestes appauvris par des niveaux de loyers insoutenables, en particu­lier dans le parc privé ». 5 732 000 per­sonnes consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement, ne gardant pour vivre qu’un revenu inférieur à 65 % du seuil de pauvreté, soit 650 € par mois et par unité de consommation.

>>> A lire aussi : Le nombre d’allocataires inscrits à France Travail un peu inférieur aux chiffres espérés 

Sur ces derniers points, les observations de la fondation sont toutes aussi inquiétantes :

  • En 2013, les Français étaient 44 % de plus qu’en 2006 à se priver de chauffage à cause de son coût.
  • 42 % de plus à subir un effort financier excessif pour payer son logement. Résultat, le nombre de personnes modestes ayant eu froid à leur domicile pour des raisons liées à la précarité s’est accru de 25 % entre 2006 et 2013.
  • En 2023, 1 million de coupures d’énergie ou réductions de puissance ont été effectuées pour cause d’impayés (+ 81 % en trois ans).
  • Le nombre d’expulsions lo­catives avec le concours de la force publique a at­teint son record en 2023, avec 19 023 expulsions, un chiffre en hausse de 74 % par rapport à 2006.

Des logements inadaptés au handicap

Enfin, cette année, la fondation ajoute la catégorie du handicap aux formes de fragilité par rapport au logement. Ainsi, entre problèmes d’accessibilité à l’extérieur ou à l’intérieur du logement, 221 000 ménages subissent leurs conditions d'habitat quotidiennement. « D’après l’enquête nationale logement 2013, en attendant les résul­tats 2020, l’inadaptation de l’habitat au handicap au sens large toucherait environ 5 % des ménages en logement ordinaire comprenant une personne en situation de handicap, et 3 % des ménages dé­clarant quelques gênes ou difficultés dans la vie quotidienne », analysent les auteurs du rapport.

Conclusion, la gouvernance des politiques du logement dépend également de l’origine des financements. Les collectivités sont le deuxième contributeur des aides au loge­ment après l’Etat, principalement via les subventions d’investissement. Cepen­dant, l’effort budgétaire public reste insuffisant et parfois mal ciblé.

Insertion

Société

Autonomie

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur