C’est l’histoire de Roselyne, Bruno, Madeleine… qui depuis un an, un mois, un trimestre, accueillent au sein de leur famille Pierre, Jacqueline ou Marc. Trois prénoms pour introduire le texte « Requiem pour l’accueil familial » écrit par Laurent Provot, président de France Accueil Familial. Quelques noms piochés au hasard parmi les 8 428 accueillants familiaux en France par ce regroupement d’associations départementales pour incarner « l’agonie » de cette modalité d’accueil, qui permet à des particuliers d’héberger à domicile une à trois personnes âgées et/ou en situation de handicap, à plein temps ou non, contre rémunération.
Logos « à l’agonie » qui prolifèrent sur les pages personnelles ou les sites, lettres recommandées envoyées tous azimuts à Fadila Khattabi, la ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, et aux responsables politiques – présidents de conseils départementaux, députés, sénateurs… Les accueillants familiaux et les associations ne cessent d’alerter sur « la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvent ». Et ce alors même que « face au manque de places et de personnels dans les établissements (…) l’accueil familial est une réponse efficace, personnalisée et socialement responsable, tant en termes de qualité d’accueil et de suivi des bénéficiaires, qu’en termes de maillage territoriale ». Le tout « dans un cadre familial » que les structures collectives ne peuvent offrir aux personnes accompagnées.
Selon France Accueil Familial, les sources de mécontentement sont de deux ordres.
- L’absence de reconnaissance officielle d’un travail « présenté comme une simple activité », alors qu’il consiste en la prise en charge 24 heures sur 24 des personnes parfois très dépendantes.
- Un traitement financier « indécent » aussi bien en termes de rémunération que d’indemnités.
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La situation ne cesse de se dégrader.
- Le plancher de la rémunération, fixé à 25,36 € net par jour, n’a pas été relevé depuis 2004. Tout comme les indemnités de frais d’entretien, bloquées à la même date.
- Le vieillissement des accueillants familiaux s’accentue. En 2022, plus de 80 % des personnes agréées sont âgées de plus de 50 ans.
La dégradation de la situation entraîne une crise d’attractivité de cette modalité d’accueil, où les arrêts d’activité ne sont pas compensés par les nouveaux entrants.
- Entre 2013 et 2022, le nombre d’accueillants familiaux a diminué de 13,5 %.
- Depuis 2019, la baisse s’intensifie, puisque le nombre de personnes assurant cet accueil a chuté de presque 10 % en trois ans, et de 6 % depuis la fin de 2022.
Face à ce constat alarmant, France Accueil Familial réclame d’abord des mesures d’urgence qui ne nécessitent pas de modification législative.
- Relever le plancher de la rémunération journalière à au moins 3,5 Smic par jour.
- Augmenter les seuils de l’indemnité représentative des frais d’entretien à au moins 4 à 7 MG (minimum garanti).
- Publier le formulaire national de demande d’agrément pour uniformiser les pratiques départementales.
- Réviser le contrat d’accueil, en y intégrant notamment une trame de projet d’accueil personnalisé pour améliorer les relations entre les parties signataires.
La fédération souhaite aussi des changements législatifs à plus long terme, parmi lesquels :
- Donner l’accès au chômage aux accueillants familiaux.
- Faciliter l’organisation de vacances partagées.
- Mieux accompagner les accueillants et les accueillis tout au long du dispositif.
- Ouvrir une réflexion sur les besoins spécifiques des personnes en situation de handicap.
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