Fallait-il une preuve supplémentaire que la conjoncture actuelle liée au Covid-19 a des conséquences en matière d’éducation, et en particulier sur les perspectives d’avenir professionnel des jeunes ? Pour la fondation des Apprentis d’Auteuil, le sujet méritait effectivement d’être traité puisqu’il fait l’objet de son premier baromètre annuel, orchestré par l’institut de sondage Opinionway. Et les résultats, rendus publics le 8 octobre, sont frappants.
Neuf Français sur dix considèrent ainsi que le monde qui attend la « génération Covid » est complexe et hostile, plus difficile à affronter que celui connu par la génération de leurs parents au même âge. « Les chiffres traduits par ce sondage, réalisé en septembre dernier auprès d’un échantillon de 3 000 personnes, montrent une réelle inquiétude quant à la difficulté accrue des jeunes pour accéder à leur autonomie en tant que jeune adulte. Se loger, trouver une formation, un stage ou s’insérer professionnellement… Le contexte sanitaire et économique actuel rend l’avenir incertain et affecte particulièrement les plus vulnérables. Notamment ceux qui parvenaient jusque-là à s’en sortir grâce aux petits boulots. C’est la fin de l’économie de la débrouille », alerte André Altmeyer, directeur général adjoint de la fondation, qui regrette que la dotation de 6,5 milliards prévue dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution » ne soit pas assez ciblée sur les plus fragiles.
Réponse collective
L’Etat comme rempart aux difficultés des jeunes ? Malgré des politiques publiques d’éducation et de jeunesse jugées insuffisantes, 54 % des jeunes interrogés placent en effet l’Etat en première ligne pour les soutenir face à leurs difficultés. « C’est une des grandes surprises de ce baromètre, avoue Hugues Cazenave, président de l’institut de sondage Opinionway. Nous pensions vraiment que l’école était, dans l’imaginaire collectif, un acteur clé dans sa capacité à préparer les jeunes au monde professionnel, alors qu’en réalité elle est relayée loin derrière l’Etat et la famille. » La famille qui peut aussi être, aux yeux de 38 % des sondés, responsable de l’échec scolaire des jeunes.
« Ce qu’il faut retenir de ces résultats, c’est avant tout que le système tel qu’il est aujourd’hui peine à éviter la (re)production des inégalités sociales. Enseignants comme parents sont souvent désemparés face à cette situation, avec un sentiment d’isolement très fort. Il faut créer des lieux de soutien à la parentalité, qui valorisent le rôle des parents, tout en favorisant l’articulation avec l’ensemble des éducateurs pour co-construire des réponses adaptées, milite André Altmeyer. Le moment est venu que l’Etat organise des états généraux de l’éducation. La question éducative a besoin que l’ensemble des acteurs (parents, enseignants, entreprises, associations spécialisées) soient écoutés à parité. »