Les salariés smicards qui s’attendaient à des étrennes exceptionnelles en seront pour leurs frais. Sauf décision du nouveau Premier ministre en ce sens, la revalorisation du salaire minimum qu’ils étaient en droit d’attendre au 1er janvier prochain n’aura pas lieu, une augmentation de 2 % ayant été accordée par anticipation en novembre dernier par le gouvernement Barnier. C’est d’ailleurs un peu plus que la hausse initialement programmée qui se situait plutôt dans une fourchette comprise entre 1,9 %et 1,95 % à en croire les projections du groupe d’experts sur le Smic de France Stratégie.
Compression de l'échelle des salaires
Or, aujourd’hui, c’est ce même groupe d’experts qui, s’appuyant sur les statistiques dévoilées par la Dares (le service de la statistique du ministère du Travail) et l’Insee le 13 décembre dernier, vient de se prononcer contre un nouveau coup de pouce de début d’année.
Il faut dire que, selon ce collège d’experts, désormais piloté par l’économiste de l’OCDE Stéphane Carcillo, cette hausse ne se justifie pas. Non seulement à cause du recul de l’inflation qui n’impacte plus autant qu’avant le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes, mais aussi parce qu’une nouvelle augmentation du Smic aurait pour effet d’entraîner « une accélération de la compression de l’échelle des salaires ». En clair : de tasser les grilles de rémunérations au plus près du minimum salarial légal. Ce qui serait préjudiciable à l’emploi des plus vulnérables affirment les spécialistes.
Pour rappel, le Smic a été augmenté à neuf reprises depuis la fin de l’année 2020 pour compenser les effets de la crise Covid et de l’augmentation en flèche de l’inflation, pour un total de + 17 % en près de quatre ans.
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Les négociations de branches toujours privilégiées
Vraisemblablement, et à moins que l’exécutif ne décide à une nouvelle augmentation qui constituerait avant tout un geste politique – là où les experts recommandent plutôt la poursuite des négociations de branches engagées en 2021 visant à réviser les grilles de salaires à la hausse hors des seuls premiers niveaux donnant droit à des exonérations de charges pour les employeurs –, le Smic devrait demeurer au 1er janvier prochain à son niveau actuel. Soit 11,88 € brut de l’heure (9,40 € net) pour un total brut mensuel de 1 801 € (1 426,30 € net).