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Observatoire des inégalités : ce qu’il faut savoir sur la pauvreté en France

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En France, 8,1 % de la population est pauvre, selon l'Observatoire des inégalités.

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En hausse constante depuis 20 ans, la grande exclusion gagne du terrain chez certaines catégories de la population. L’analyse des dernières statistiques met en évidence plusieurs facteurs précis d’exposition à la précarité.

5,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. L’édition 2024-2025 du rapport annuel de l’Observatoire des inégalités dresse un tableau précis des profils de personnes concernées et propose une analyse fine des mécanismes d’exclusion sociale.

Le préambule du document de 90 pages liste ainsi plusieurs chiffres clefs :

  • En France, 8,1 % de la population est pauvre. Un taux calculé sur la base de 1 014 euros de revenu mensuel par personne, après versement des prestations sociales ;
  • La moitié des personnes précaires est âgée de moins de 30 ans ;
  • Une personne en situation de handicap sur cinq est pauvre, contre 13 % des personnes valides ; 
  • 12 % de la population n’a pas les moyens financiers de chauffer suffisamment son logement ;
  • 24 % des individus résidants en France ne peuvent pas partir en vacances une semaine par an ;
  • 64 % des personnes en situation de précarité vivent en ville ;
  • Le taux de pauvreté dépasse 65 % dans 18 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

Si les chiffres du rapport se fondent sur des statistiques de l’Insee(1) datant de 2022, la tendance sur les deux dernières décennies est claire : la pauvreté est en hausse. En 20 ans, 1,4 million de personnes supplémentaires sont en effet touchées par le phénomène.

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Hausse de l’extrême précarité

« Les revenus des pauvres stagnent. Leur niveau de vie médian a gagné seulement 60 euros en 20 ans, passant de 772 euros par mois en 2002 pour une personne seule à 832 euros en 2022. Notre modèle social a amorti les crises récentes, mais pour toute une partie de la population, les revenus du travail régressent, malgré la baisse du chômage », détaillent les auteurs du rapport.

En parallèle, 330 000 personnes restent sans domicile. La saturation du contingent du parc d’hébergement d’urgence contraint des dizaines de milliers de personnes à dormir à la rue chaque soir. Et ce, malgré le doublement de ses capacités d’accueil ces dernières années. Un engorgement dû en grande partie aux restrictions auxquelles font face les personnes étrangères en termes d’emploi et par ricochet, en termes d’accès au logement.

Près de 20 % des familles monoparentales touchées

Il apparait aussi que certaines catégories de la population sont davantage exposées à la précarité. L’âge constitue un facteur déterminant.

  • « Les enfants et les jeunes de 18 à 29 ans sont nettement plus touchés que les autres tranches d’âge, avec respectivement 11,4 % et 10 % de pauvres », souligne le document.
  • Les personnes âgées sont peu concernées avec des taux de pauvreté inférieurs à 5 % ;
  • Les célibataires sont deux fois plus touchés que les couples. 12,8 % des personnes seules de moins de 65 ans et 19,2 % des familles monoparentales sont considérées comme pauvres.
  • Un quart des chômeurs est en situation de précarité.
  • 22,1 % des individus sans emploi et non retraités vivent sous le seuil de pauvreté.
  • 2,9 % des salariés et 12,5 % des indépendants sont pauvres.

Contrairement à certaines idées reçues, le fait de travailler ne protège pas complètement. Le nombre de travailleurs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté s’élève à 1,1 million, « une proportion qui reste assez stable depuis 20 ans, autour de 4 % des personnes en emploi », notent les auteurs de la publication.

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L’immigration, facteur d’exposition à la précarité

Autre constat : La population pauvre est souvent marquée par le manque de qualifications. En France, le diplôme initial est souvent déterminant pour la vie et 81 % des individus pauvres ne sont pas allés au-delà du baccalauréat.

Parmi les autres observations notables, l’origine géographique joue aussi son rôle. Le taux de pauvreté des personnes immigrées est de 18,8 %. Avec un chiffre trois fois supérieur à celui des personnes nées en France, les ressortissants du Maghreb se voient les plus exposés à l’exclusion sociale. « Ils cumulent souvent les difficultés des personnes peu qualifiées, des discriminations à l’embauche et l’interdiction faite aux étrangers non européens d’exercer un grand nombre d’emplois en France ».

Urgence sur les territoires d’outre-mer

Enfin, certains territoires concentrent de nombreuses familles en situation de précarité. C’est le cas au sein des départements d’outre-mer où l’observatoire dénombre des taux très élevés de pauvreté : 36 % pour la Réunion, 77 % à Mayotte et 53 % pour la Guyane.

La métropole n’est pas en reste. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté touche :

  • 42 % des habitants d’Aubervilliers ;
  • 52 % des personnes résidents dans le 3ème arrondissement de Marseille ;
  • 28 % de la Seine-Saint-Denis.
  • Avec des pourcentages qui s’élèvent à 73 % et 75 %, Perpignan concentre les trois quartiers QPV aux taux de pauvreté les plus élevés ;
  • Les 18ème, 19ème et 20ème arrondissements de Paris réunissent pus de 100 000 pauvres.

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5 actions pour changer la donne

Dans ce contexte, selon l’observatoire des inégalités, des mesures sociales s’imposent :

  • Remettre à plat le système des minima sociaux pour que chacun ait au moins de quoi vivre dignement, notamment les jeunes. La garantie d’un revenu équivalent au seuil de pauvreté, soit 1 000 euros mensuels pour une personne seule, reviendrait à dépenser 10 milliards d’euros environ ;
  • Assouplir les conditions d’accès au travail des étrangers. Un simple coup de tampon des préfectures libérerait des dizaines de milliers de places d’accueil en centre d’hébergement, ferait rentrer des cotisations sociales dans les caisses de l’État et, surtout, ouvrirait un horizon moins indigne à des adultes et à des enfants qui vivent en France depuis de longues années.
  • Donner des moyens et du temps aux travailleurs sociaux ainsi, pour considérer les difficultés des personnes les plus modestes et pouvoir suivre les personnes en grande difficulté sur un temps long.
  • Réguler le marché du travail et pénaliser les entreprises, comme les services publics, qui abusent d’une précarité de masse.
  • Relancer une réelle politique du logement social.

(1)L'Institut national de la statistique et des études économiques

>> Découvrir l’essentiel du rapport sur la pauvreté en France de l’Observatoire des inégalités

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