L’école est obligatoire en France. Pour autant, des milliers d’enfants et d’adolescents n’y ont pas accès. C’est le cri d’alarme et la pétition lancés par un collectif dans le journal Libération de ce mardi 18 septembre. Objectif ? Interpeller le président de la République et le ministre de l’Education nationale afin de "rendre le droit à la scolarisation pleinement effectif".
Les maires ne fournissant pas forcément la liste, pourtant obligatoire, des mineurs soumis à l’obligation scolaire dans leurs communes, il est difficile de savoir précisément combien de mineurs sont concernés. Néanmoins, le collectif estime que 80 % d’entre eux habitent dans des bidonvilles, des squats, des centres d’hébergement d’urgence ou, pour certains, vivent momentanément chez des proches avec leur famille. De nombreux jeunes n’ayant pas de représentants légaux sur le territoire et des milliers d’enfants handicapés sont également exclus de l’école.
Les causes de ce phénomène sont multiples : école très éloignée du lieu de vie ou inaccessible en transport en commun, rupture dans la scolarité engendrée par des expulsions ou déplacements contraints d’un hôtel social à un autre, difficultés matérielles (coût de la cantine, des vêtements et des fournitures, etc.), déficit en personnel et en infrastructure, comme c’est le cas notamment à Mayotte et en Guyane, pénurie d’auxiliaires de vie pour accompagner les enfants handicapés, structures pour élèves allophones saturées, etc.
Autre motif de non-scolarisation : les discriminations et le découragement des parents; provoqués par "les refus d’inscription scolaire ou les tracasseries administratives opposées par certaines municipalités", jugés particulièrement "inadmissibles". Parmi les obstacles, des demandes abusives de justificatifs, la variabilité des pièces à fournir, la création de listes d’attente arbitraires…
Pour enrayer l’exclusion scolaire dès le plus jeune âge et respecter l’obligation scolaire à 3 ans - qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2019 -, le collectif propose la création d'un observatoire de la non-scolarisation dans chaque académie et d'un service de médiation destiné à rapprocher les populations les plus fragiles de l’institution scolaire. Enfin, il invite le gouvernement à fixer par décret la liste des justificatifs que les maires doivent accepter lors de l’inscription au cours préparatoire.