Capillarité. Menaces verbales, bagarres, violences graves, détresses mentales, mort ou suicide d’un bénéficiaire, écoute à longueur de journée de récits tragiques : pauvreté, accidents, brimades, incestes, viol, maltraitance… cette liste non exhaustive de situations dramatiques, c’est la toile de fond du travail social. Et peu importe si les professionnels ne subissent pas ce que vivent les personnes vulnérables. Par capillarité, ils s’en imprègnent et développent des troubles de stress post-traumatique (SPT) similaires à ceux de leurs bénéficiaires : cauchemars, pensées envahissantes, comportements d'évitement et de l'hypervigilance.
Pire que la police. Des facteurs tels que le sentiment d'impuissance et la pression socio-économique-politique aggravent le stress. Mais surtout, le secteur social, comme celui de la santé, souvent exposé à la violence, est particulièrement à risque : au Québec par exemple, 81 % des travailleurs de la santé et des services sociaux ont été victimes ou témoins d'actes de violence. C’est plus que la police !
Un soutien essentiel. Ce SPT chez les travailleurs sociaux varie selon l'individu et le contexte professionnel, et peut être aggravé par la solitude au travail et une culture de banalisation de la violence. Les émotions des professionnels, souvent réprimées, et pourtant réelles et nécessitent un espace pour être exprimées et traitées. Le soutien institutionnel pour atténuer l'impact des traumatismes est essentiel. Il peut s’appuyer sur certains préceptes : une réponse rapide, un suivi sur le long terme et un travail en équipe pour partager la charge traumatique et discuter des expériences vécues. Heureusement après des années de déni, les souffrances psychiques des travailleurs sociaux font surface et sont prises en compte. Bientôt la fin du grand tabou ?
.>>> A lire notre enquête sur le stress post trauma des travailleurs sociaux