De 2001 à 2017, l’association Asmae créée par Sœur Emmanuelle, a mené un des rares programmes affichant explicitement des objectifs de développement communautaire. Implantés dans les quartiers populaires d’Ile-de-France, Divers-Cité consistait à soutenir les habitants « dans la prise de conscience des causes de leurs maux » et de soutenir leurs « moyens d’agir » pour améliorer leur situation. Auteur d’un travail de capitalisation, Christophe Jibard, qui a conçu et animé le programme, identifie quatre étapes du projet :
1. S’implanter dans un territoire.
L’agent de développement communautaire doit trouver un point d’entrée dans le territoire. Cela suppose d’identifier les réseaux d’entraide et de sociabilité primaires, informels, qui peuvent se constituer autour d’une tontine de quartier, dans une cage d’escalier ou à la sortie de l’école, et de réaliser une première action collective de petite ampleur.
2. S’organiser pour planifier des actions.
Il s’agit de créer les conditions et le cadre pour que les initiatives des habitants se concrétisent. Cette phase comprend l’accompagnement des leaders et leur formation aux méthodes d’animation, pour qu’ils favorisent la participation de tous. Objectif : la mise en place d’une vie de groupe conviviale et démocratique.
3. Articuler collectifs d’habitants et ressources institutionnelles.
Les professionnels accompagnent les membres de la communauté pour faire émerger une capacité de négociation avec les pouvoirs locaux.
4. Renforcer les pratiques et autonomiser.
L’objectif est d’arrêter progressivement l’accompagnement en identifiant avec les membres des collectifs ce qui favorise un fonctionnement autonome. Cela peut passer par le développement d’une recherche-action.
Le programme relève plusieurs impacts positifs de la méthode : sur l’insertion professionnelle des personnes, sur leur réussite scolaire, sur leur développement personnel ou encore sur le climat social.
Notre dossier sur l'approche communautaire :
1. Pourquoi l'approche communautaire peine à prendre son envol en France ?
2. « L’action collective est potentiellement subversive »
3. A Bordeaux, Médecins du monde au chevet des livreurs ubérisés
4. Solidarités International et la bataille de l’eau
5. A Marseille, justice sociale et bidonville
6. A Dieppe, l’aventure dans les quartiers
7. A Lille, ATD quart monde recrée les liens avec l’école
8. A Hyères, des jardins collectifs contre les incivilités
9. Développer une action collective en 4 étapes