L’an dernier, entre août et décembre, 240 000 aides à l’embauche des jeunes (AEJ) ont été versées à des employeurs sur les 310 000 demandes recensées. Quel impact a eu cette mesure du plan « 1 jeune, 1 solution » (1) sur l’emploi de cette catégorie de la population ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et le conseil d’analyse économique (CAE) lors d’une présentation commune mercredi 12 mai. Les résultats de leurs études respectives destinées à évaluer une politique publique encore en cours sont à prendre avec « précaution », soulignent les deux organismes.
La Dares observe en premier lieu une hausse de l’emploi en contrats longs pour la tranche des 22 à 25 ans qui est éligible à l’AEJ. En s’appuyant sur les données des 26-29 ans – une catégorie de la population non éligible mais « suffisamment comparable » –, l’institution arrive à la conclusion que l’emploi en CDD de plus de trois mois ou en CDI a été 7 % plus élevé que s’il n’y avait pas eu la mise en place de l’aide. Cela équivaut à 60 000 emplois supplémentaires.
Aucun effet sur l’emploi total des 22-25 ans n’est toutefois relevé. Cela peut s’expliquer par les suppressions de postes et les fins de contrat durant cette période ainsi que par « de moindres embauches non éligibles à l’aide », comme les CDD de mois de trois mois ou l’intérim, précise Selma Mahfouz, directrice de la Dares.
L’hôtellerie-restauration aurait davantage bénéficié de la prime
Les chiffres du CAE montrent, quant à eux, que la prime a engendré une hausse d’environ 8 % des embauches entre août 2020 et février 2021. Les effets de l’AEJ seraient légèrement plus visibles dans les secteurs durement touchés par la crise (arts et spectacles, hôtellerie, restauration…), avec une augmentation de 9,5 %. La différence avec le reste de l’économie n’est cependant « pas statistiquement significative », pointe Philippe Martin, président délégué du Conseil d’analyse économique et professeur d’économie à Sciences Po Paris. Autre constat : l’impact de la mesure a augmenté au fil des mois, sans doute en même temps que l’appropriation du dispositif par les entreprises. « Mais cette montée en charge a probablement pâti de l’effet du second confinement, où de nombreuses activités étaient dans l’incapacité d’embaucher », analysent les auteurs de l’évaluation.
Devant prendre fin le 31 mars dernier, le dispositif a finalement été prolongé jusqu’à la fin du mois de mai. Le conseil d’analyse économique formule plusieurs pistes dans l’éventualité où le gouvernement souhaiterait le remettre en place dans un contexte sanitaire différent. L’instance propose, par exemple, d’y inclure les renouvellements de contrats et de l’étendre aux jeunes âgés de plus de 26 ans pour une prime mois importante, autour de 2 000 €.
(1) Parmi les mesures du plan « 1 jeune, 1 solution », l’aide à l’embauche des jeunes a permis aux employeurs de recevoir une prime pouvant atteindre 4 000 € pour l’embauche d’un jeune âgé de moins de 26 ans, en CDI ou en CDD de trois mois ou plus.