C’est un coup de pouce bienvenu pour les salariés des crèches privées et publiques. Le 5 mars, à l’occasion d’un déplacement dans les Hauts-de-Seine, la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, et son homologue chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, Sarah El Haïry, ont annoncé une revalorisation des rémunérations de près de 150 000 d’entre eux. L’augmentation, applicable pour les personnels des établissements financés par la prestation de service unique (PSU), se traduira par une hausse de 150 € net par mois pour les salariés du privé. Pour ceux du public, elle ne sera que de 100 €, mais le hiatus a d’ores et déjà été compensé par une augmentation du point d’indice de 50 €.
Révision des grilles
Pour les employeurs de la filière, c’est un moyen de redonner de l’attractivité à des métiers en période de pénurie de candidats. 200 000 nouvelles solutions d’accueil sont ainsi attendues d’ici 2030. Pour l’Etat, c’est une manière de revaloriser certains des « oubliés du Ségur » que furent les salariés de la petite enfance. Et, au sein d’un secteur qui compte pas moins de neuf conventions collectives – qui ne couvrent même pas l’ensemble des salariés –, le chantier de rénovation aura demandé presque trois années de travail avant que les partenaires sociaux des branches ne parviennent à s’entendre et à valider, en juin 2023, un contrat d’engagement. Parmi les dispositions prévues dans l’accord : des augmentations salariales ; une révision des grilles de classification pour en expurger au maximum les rémunérations infra-Smic ; des mesures en faveur de l’amélioration des conditions de travail ou de l’évolution des carrières. Et, à terme, l’espoir d’une convention collective unique afin de simplifier le millefeuilles conventionnel du secteur.
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Une prise en charge par la Cnaf à hauteur de 66 %
Le gouvernement, de son côté, a assuré le volet financier de l’opération en autorisant la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) à provisionner, dans le cadre de la convention d’objectifs et de gestion 2023-2027, jusqu’à 66 % du montant des augmentations afin de permettre aux employeurs de pouvoir les déployer au plus tôt. 80 millions ont ainsi été débloqués pour cette année, 200 millions par la suite. Dans un premier temps, seule la convention collective de la branche des acteurs du lien social et familial (Alisfa) répond aux critères d’exigence en matière salariale lui permettant d’être éligible aux aides. Mais en donnant le go aux augmentations des rémunérations, l’exécutif espère faire tache d’huile. « Derrière Alisfa, les autres branches devraient suivre rapidement », explique-t-on dans l’entourage de la ministre du Travail.
Couac ?
« On attendait cette décision depuis longtemps, alors on ne va pas bouder notre joie », assure de son côté Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale de la CFDT chargée du cadre de vie, du logement et de la politique de la ville. Un seul hic, cependant : l’insuffisance de la prise en charge par la Cnaf des augmentations dans le secteur public. « Les grilles de rémunération pour ces salariés dépendent des délibérations des collectivités territoriales. Or, dans cette période de resserrement des budgets, celles-ci ont sans doute d’autres priorités que la révision des classifications », regrette la cédétiste. Autre obstacle à ce lancement : le report, inattendu, du vote du conseil d’administration de la Cnaf visant à démarrer l’opération, qui aurait dû survenir en même temps que les annonces ministérielles. De quoi retarder la mise en musique du projet ? « C’est un report purement technique », assure le ministère, « le conseil d’administration de la Cnaf a tout simplement demandé que cela puisse passer préalablement en commission d’action sociale, ce qui est parfaitement normal. Cela n’aura pas d’incidence sur le fond ».
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