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« La première porte d’entrée des demandeurs d’emploi handicapés, c’est France travail » (Thibaut Guilluy)

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De g. à dr. : Florence Le Pollozec, directrice de programme Cheops ; Marlène Cappelle, déléguée générale Cheops ; Jean-Pierre Benazet, président Cheops ; Thibault Guilluy, directeur général de France travail. 

Crédit photo DR
Malgré quelques résultats en demi-teinte, l’action du réseau Cap emploi s’est révélée plutôt positive en 2023 dans un contexte d’économie ralentie. Le passage de ces agences sous le pavillon France travail depuis le 1er janvier dernier, après trois années de coopération réussie avec Pôle emploi, a ouvert les portes d’une prise en compte plus importante de la question du handicap dans les priorités du service public de l’emploi.

La croissance au point mort qu’aura connu la France en 2023 ne se sera pas traduite par une dégradation sensible de l’accès à l’emploi des travailleurs handicapés. La publication, le 23 mai, du baromètre annuel de Cheops et de France travail sur le bilan du réseau des agences Cap emploi durant l’année écoulée montre bien un léger recul des baisses du retour à l’emploi des chômeurs en situation de handicap par rapport à 2022, mais aussi une certaine amélioration de l’employabilité des demandeurs d’emploi longue durée (c'est-à-dire inscrits depuis plus d’un an auprès de Pôle emploi).

Quatre objectifs sur six atteints

Malgré le marasme économique, Cheops, la tête du réseau des agences Cap emploi, peut tout de même afficher des résultats positifs puisque l’an dernier, sur les six objectifs que l’opérateur s’était fixé, il a réussi à en atteindre quatre. Et encore, les objectifs manqués ne l’ont été que de peu. Une réussite partielle que les administrateurs du réseau attribuent surtout au rapprochement des 3 000 agents Cap emploi opéré depuis 2020 avec les équipes de Pôle emploi et pleinement arrivé à maturité en 2022, un an avant que les deux entités ne passent définitivement sous la bannière de France travail au 1er janvier dernier (tout en conservant cependant une gouvernance autonome).

Du côté des réussites, on note les 207 275 retours à l’emploi de demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi (DEBOE, selon la terminologie des Cap emploi). C’est certes 6 % de moins qu’en 2022, mais cela reste toutefois largement supérieur à l’objectif de 192 144 retours à l’emploi que l’opérateur s’était initialement donné. Succès également pour la baisse de 7 % du nombre de chômeurs handicapés de longue durée accompagnés par les agents Cap emploi qui n’a été que de 183 277 alors que les administrateurs de Cheops craignaient d’en recevoir 198 216. Idem pour les services conjugués de Pôle emploi et des Cap emploi qui ont enregistré un taux de satisfaction de 84,8 % de la part des usagers. Qui étaient par ailleurs presque autant (85 %) à juger « facile » d’obtenir des réponses à leurs démarches auprès des deux opérateurs.

Des efforts sur la formation et la sensibilisation des TPE

Echec en revanche sur le taux d’accès à l’emploi des chômeurs handicapés à la fin de leur formation : 41,6 % seulement là où l’objectif était de 44,5 %. Un différentiel que Cheops explique en partie par l’inadéquation d’une partie des contenus de formation proposés par les entreprises prestataires et les besoins spécifiques de ce public, mais que les nouveaux appels d’offres de France travail se proposent désormais de corriger. « On a revu nos modalités d’achat pour mieux adapter les contenus de formation au handicap, détaille Thibault Guilluy, directeur général de l'établissement. Désormais, on s’assurera qu’il y aura un référent handicap au sein des organismes de formation retenus sur appel d’offres, qu’ils proposent des contenus simples et compréhensibles pour des personnes handicapées ou qu’ils adaptent le temps de formation à la situation particulière de ces publics. »

Petite déception également du côté du sixième indicateur, à savoir celui de la part des embauches de DEBOE par les entreprises qui avaient sollicité une aide au recrutement auprès de Cap emploi. Les dirigeants du réseau espéraient un retour de 5,7 %, le chiffre final aura été légèrement inférieur (5,5 %). Là encore, le fait d’appartenir aujourd’hui à la même « maison commune » que les agents Pôle emploi, mieux capés en termes de contact avec les employeurs, laisse présager une amélioration future de ce type de prestations. Les deux opérateurs testent d’ailleurs en ce moment une « task force entreprises » chargée de prospecter les entreprises pour leur proposer un nouvel accompagnement dans l’embauche et l’inclusion de travailleurs handicapés. Notamment dans les plus petites structures, explique Thibault Guilluy : « Il faut qu’on améliorer ‘’l’aller-vers’’ les TPE. On a augmenté de 30 % le nombre de contacts avec elles en 2024, mais on doit se mettre en ordre de bataille pour améliorer encore notre capacité à les sensibiliser à l’inclusion des handicapés. »

L’orientation vers les Esat et les ESPR expérimentée dès la fin 2024

Alors que le gouvernement reste toujours fixé sur son objectif de plein emploi à l’horizon 2027, l’emploi des personnes handicapées demeure un enjeu pour France travail Selon les derniers chiffres de la Dares, datés de 2022, le taux de chômage de ces derniers s’élevait à 12 % en 2022 contre 7 % pour le reste de la population à la même époque. Dans ces conditions, la politique « handicap-friendly » que commence à développer le nouvel opérateur public de l’emploi, qui recense 85 000 demandeurs d’emploi handicapés parmi ses usagers, ne saurait rester confinée au seul périmètre des agences Cap emploi. A cette fin, les conseillers des deux agences ont appris à fonctionner en binôme, chaque agence France travail disposant désormais d’une telle « team » sur chaque bassin d’emploi. En outre, afin d’infuser les bonnes pratiques dans l’ensemble du réseau, chacun des treize programmes clés de la transformation de l’opérateur public – les six programmes « métiers », les quatre programmes « transverses » et les trois programmes d’animation des territoires – comprend un volet spécifiquement dédié au handicap. De la même manière, les agents de France travail ont intégré la dimension « handicap » à l’expérimentation sur le contrat d’engagement RSA actuellement à l’essai dans 47 départements. Ainsi, sur les 28 288 allocataires du revenu de solidarité active aujourd’hui intégrés dans le programme, 1 555 sont considérés handicapés dont 5 % qui bénéficiaient déjà d’une reconnaissance de travailleur handicapé (RTH) avant de l’intégrer.

« La première porte d’entrée des demandeurs d’emploi handicapés, c’est France travail », indique Thibault Guilluy. De fait, au 1er janvier 2025 au plus tard, chaque usager suivi par une maison départementale des personnes handicapées (MDPH) ou par Cap emploi sera automatiquement inscrit auprès du nouvel opérateur de l’emploi. Qui doit également devenir prescripteur de l’orientation vers les Esat (établissements et services d'accompagnement par le travail) ou les ESPR (établissements et services de réadaptation professionnelle) d’ici à 2027. Une première expérimentation sur ce plan doit débuter en fin d'année dans sept départements : l’Allier, la Charente-Maritime, la Haute-Savoie, la Martinique, les Pyrénées-Orientales, la Somme et le Val-d’Oise.

>>> Lire aussi : Esat : ce qui change pour les travailleurs handicapés

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