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Ces associations contraintes de licencier malgré des besoins en hausse

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Some of the team members leave its ranks. Dismissal of an employee. Expulsion from the team. Resignation from the board of directors or investors. Optimization and cost reduction. Layoffs.

APF France handicap, l’un des plus gros employeurs du champ des solidarités, a annoncé début octobre la suppression de plus de 300 postes.

Crédit photo Andrii Yalanskyi - stock.adobe.com
Fragilisées à l’extrême par l’insuffisance des financements du secteur, nombre d’associations voient leur situation économique virer au rouge. Conséquences : l’emploi trinque et les services ferment.

« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » C’est par cette formule, héritée de Jean de La Fontaine, que Daniel Goldberg, le président de l’Uniopss, résume la situation. « Toutes les associations, quels que soient la taille, le secteur d’activité, la zone géographique, traversent aujourd’hui des difficultés économiques. »

En l’espace de quelques semaines, des associations de poids ont annoncé une série de licenciements. En Bretagne, Don Bosco, très présente dans la protection de l’enfance et le handicap, prévoit de supprimer 55 postes – sur un bon millier de salariés – pour éponger un déficit de 1,8 million d’euros. Un dispositif a fermé cet été, six autres devront s’arrêter d’ici la fin de l’année.

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Au-delà d’une éventuelle mauvaise gestion, dont certains représentants des personnels se font l’écho, les associations concernées partagent les mêmes problématiques : une augmentation des coûts, non compensée par les financeurs. L’inflation a fait grimper les prix de l’alimentaire ou de l’énergie. Les revalorisations salariales liées au Ségur n’ont pas toutes été compensées.

Insuffisance de financements

Début octobre, l’un des plus gros employeurs du champ des solidarités – 15 000 salariés – APF France handicap révélait un déficit record de 37,7 millions d’euros. Son « plan de retour à l’équilibre » prévoit la suppression de plus de 300 postes, essentiellement sur les fonctions supports de la structure, et plus d’une centaine d’autres sont concernés par des mobilités géographiques.

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Emboitant le pas à la direction d’APF France handicap, la Fédération nationale action sociale de Force ouvrière (Fnas-FO) a fait les comptes. Pour elle, c’est bien l’insuffisance de financement qui est à l’origine de la crise.

« Les financeurs n’ont pas couvert depuis 2020 une somme globale de 55 millions d’euros », explique la section syndicale qui détaille les coûts :

  • l’inflation pour 15 millions d’euros ;
  • le non-financement d’une partie du Ségur pour 5,5 millions d’euros ;
  • le recours à l’intérim ou au libéral qui en 2017 s’élevait à 25,3 millions d’euros et en 2023 à 52,8 millions d’euros, soit un surcoût total de 27,5 millions d’euros,
  • la jurisprudence applicable concernant l’acquisition des congés payés pendant les arrêts maladies évaluée par l’association à 7 millions d’euros.

« Les financeurs doivent respecter leurs obligations de financement dont le coût de l’inflation, le droit conventionnel et légal », explique la Fnas-FO qui a demandé, avec la CGT, un rendez-vous avec la ministre.

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La direction d’APF France handicap prévoit de déposer des recours gracieux, voire des contentieux, auprès du tribunal administratif pour obtenir des financements compensant les effets du Ségur et de l’inflation.

Si elle est légitime, l’évolution des réglementations pèse aussi sur les budgets des associations. « La loi Egalim part d’un bon principe. Mais chacun sait que privilégier les circuits courts, le bio, a un coût, détaille Daniel Goldberg. Comme la réforme des évaluations de la qualité, que les associations ont accompagné. Sauf que les pouvoirs publics ne le prennent pas en compte dans leurs dotations. »

Croissance exponentielle

Dans un contexte de concentration et de mise en concurrence des associations, encouragé depuis une vingtaine d’années par les pouvoirs publics, certaines structures ont connu une croissance exponentielle. Qu’elles n’ont pas toujours été en capacité de gérer. A Nantes, Saint-Benoît-Labre a vu son budget passer, en dix ans, de 16,5 à 47 millions d’euros. Ses effectifs ont été multipliés par trois pour atteindre aujourd’hui 469 équivalents temps pelin (ETP).

Aujourd’hui, elle prévoit de supprimer 50 postes. Au 1er août, le service de mise à l’abri des mineurs non accompagnés a cessé. Fin octobre, c’est celui de l’évaluation de la minorité qui s’arrêtera. France terre d’asile prendra le relais.

« On vit une problématique de croissance qui aurait dû être structurée et accompagnée », explique Nicolas Gillot, directeur général de l’association. Recruté en août 2023, il avait entre autres pour mission de structurer les services supports face à un développement ininterrompu. Trop tard, probablement, pour faire face à une conjoncture, particulièrement défavorable : « Avoir des fonds propres permet d’accompagner la réorganisation et de passer la crise. Dans notre situation, les équilibres économiques font que nous n’avons pas le temps d’accompagner cette transformation »

Derrière l’emploi, c’est le rôle même des structures qui est menacé, estime Daniel Goldberg. « L’incapacité à répondre aux besoins est actuelle. Ce qu’on vit, c’est son aggravation. Et elle met en cause la raison d’être des associations », souligne-t-il.

« Si le modèle économique est fragilisé et que les femmes et les hommes qui s’impliquent n’ont plus les moyens de répondre aux besoins, la question du sens de l’engagement se pose inévitablement, explique le président de l’Uniopss. Le deuxième risque, c’est de voir le champ lucratif, qui n’a aucune obligation d’accueillir tous les publics, prendre des positions de plus en plus importantes dans le champ des solidarités. Avec le risque de laisser de côté la part la moins rentable des activités. »

Ces licenciements, aussi marquants soient-ils, cachent d’autres suppressions de postes, comme le non-renouvellement de l’intérim ou les départs à la retraite, moins visibles mais tout aussi néfastes. « Dans un pays fracturé socialement, les élus, estime Daniel Goldberg, doivent prendre leur responsabilité pour redonner du muscle à la société française. »

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