Bien que le nouveau premier ministre ait déclaré vouloir insuffler un vent nouveau sur l’agenda politique, rien de nouveau à l'ombre. Si on en croit sa délaration de politique générale, le chef du gouvernement ne prévoit pas de s’attaquer aux nombreuses problématiques du secteur carcéral.
Par une lettre ouverte adressée Michel Barnier le 7 octobre, l’Observatoire international des prisons (OIP) rappelle les enjeux relatifs au respect des détenus et à celui des personnels exerçant en prison. D’abord au regard de la moyenne d’occupation des établissements : 127 % au global, 154 % pour les maisons d’arrêt, dont plus de 200 % pour 17 quartiers de détention. Une réalité qui bafoue, de longue date, les droits fondamentaux des personnes incarcérées.
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« Les conditions de détention sont de plus en plus indignes, avec des personnes détenues qui s’entassent à deux ou trois dans des cellules exiguës, et 3 609 d’entre elles qui dorment sur des matelas de fortune posés à même le sol. L’accès aux soins, aux activités et à l’accompagnement est toujours plus illusoire, aux antipodes de l’objectif de réinsertion fixé par la loi », souligne l’OIP dans son courrier.
Politique inadaptée
Depuis plusieurs décennies, la réponse politique consiste selon l'association à construire de nouvelles prisons. « Cette politique immobilière n’a jamais permis de rattraper l’envolée des condamnations à l’emprisonnement, établissant l’équation largement éprouvée selon laquelle plus on construit, plus on enferme ».
Entre 1990 et 2024, le nombre de places de prison a grimpé de 25 152, et celui des personnes détenues de 30 477. Une politique jugée de « contre-productive » par l’organisation. Selon elle, les alternatives se situent dans la rénovation des bâtiments, le développement des dispositifs d’insertion et l’accompagnement des personnes détenues.
L’OIP pointe aussi « la gravité de la crise carcérale qui interdit d’attendre plus longtemps. Extraire le débat démocratique des discours populistes et des postures idéologiques est possible, à condition que le gouvernement adopte un discours de vérité ». Michel Barnier a en effet déclaré que les Français souhaitaient que les peines soient réellement exécutées. Pourtant, selon le ministre de la Justice, 95 % sont déjà nmises à exécution. Par ailleurs, deux tiers des personnes détenues sortent de prison sans avoir pu bénéficier d’un accompagnement à la réinsertion, rappelle le document.
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Agir rapidement
« Vous préconisez des « peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits ». N’est-ce pas ce que produisent déjà les comparutions immédiates, dont l’usage ne cesse de se développer, bien qu’elles soient largement dénoncées comme une justice expéditive ? » questionne l’observatoire avant de conclure : « Des politiques pénales et pénitentiaires différentes sont non seulement possibles, mais surtout urgentes ».
>> Découvrir l’intégralité de la lettre au premier ministre
M. le Premier Ministre, @MichelBarnier, vos annonces font fi de la gravité de la crise carcérale !
La surpopulation atteint des niveaux critiques. Multiplier les peines de prison, comme vous le proposer, est irréaliste et explosif. Ayez le courage de dire la vérité aux Français. pic.twitter.com/vEAfIM1uaM
— Observatoire international des prisons (OIP) (@OIP_sectionfr) October 7, 2024