« Depuis quarante ans, la pauvreté ne baisse plus, touchant plus de 10 millions de personnes », rappelle le préambule d’un courrier adressé par Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fas) au Premier ministre François Bayrou le 13 janvier.
A la veille de la déclaration de politique générale prévue mardi 14 janvier, la Fédération interpelle le nouveau chef de Gouvernement sur les enjeux liés à la précarité d’une grande part de la population.
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Le document pointe en effet l’affaiblissement des capacités d’action des associations de lutte contre l’exclusion, en raison des difficultés financières qu’elles rencontrent. Une situation liée en grande partie à la hausse des coûts non compensée par la puissance publique.
Soutenir les travailleurs pauvres
Dans le contexte d’urgence à soutenir les personnes les plus précaires ainsi que les travailleurs sociaux qui les accompagnent, le président de la Fas formule deux priorités à prendre en compte dans les législations à venir.
- Les choix budgétaires pour 2025 doivent permettre de poursuivre l’action des associations notamment pour l’accompagnement des personnes, à travers l’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile et des réfugiés, le logement d’abord et le logement social, ainsi que grâce à l’insertion par l’activité économique (IAE) ;
- Une action déterminée en faveur du travail pour tous s’impose notamment pour la rémunération des travailleurs pauvres, le soutien à l’insertion par l’activité économique et aux territoires zéro chômeurs de longue durée (TZCLD), une mise en œuvre des nouvelles dispositions concernant le RSA adaptée à la situation de chacun dans un cadre d’engagement réciproque, l’accès au travail des femmes seules avec enfants et des personnes étrangères.
Agir sur la durée
Des évolutions de politiques publiques concrètent apparaissent également nécessaires. Il s'agirait notamment de:
- Se protéger des tentations visant à rendre les plus fragiles – notamment les bénéficiaires du (RSA) et les étrangers – responsables des difficultés du pays ;
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- Privilégier une action dans la durée pour en corriger les dysfonctionnements qui alimentent la pauvreté de jeunes sortis de l’Aide sociale à l’enfance (Ase), de femmes seules avec enfants victimes de violences, de bénéficiaires de petites retraites, de personnes souffrant de difficultés psychologiques et d’addictions, de millions de personnes qui attendent un logement social dans toutes les villes françaises, de travailleurs pauvres, d’étrangers empêchés de travailler par les obstacles imposés à l’accès au séjour.
- Assurer des partenariats confiants, respectueux et exigeants, partant des personnes concernées, des acteurs professionnels et des bénévoles des associations pour porter l’action commune ;
- Sortir des procédures bureaucratiques au bénéfice des personnes – en réalisant enfin la solidarité à la source – et du travail social – dont la reconnaissance est indispensable à la continuité de notre action comme à la cohésion du pays.
>> Retrouvez l’intégralité du courrier adressé au Premier ministre
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