Battre le fer tant qu’il est chaud. Le Gepso poursuit ses réflexions en matière de participation des usagers, thématique qui lui est chère. Le 22 juin dernier, l’association lançait la première réunion d’une nouvelle formule : le « Réseau ». De la Corrèze à l’Ille-et-Vilaine en passant par le Doubs, une vingtaine de personnes accompagnées, pour la plupart résidents de foyers de vie, en situation de handicap, avaient répondu présents. A l’ordre du jour : un temps de visioconférence pour échanger sur les préoccupations des uns et des autres. « On a donné la parole librement à chacun. Après un tour de table, on a développé un sujet qui ressortait : le besoin de rencontres et de sorties avec d’autres personnes, extérieures notamment aux établissements », explique Claire Hugenschmitt, copilote de la commission « usagers-citoyenneté » et co-animatrice du Réseau.
L’idée d’un tel Réseau est née d’un constat : « Nos partenaires extérieurs ou les médias nous demandent l’avis des personnes accompagnées sur nombre de sujets. Nous parlons toujours à leur place, avec le filtre des professionnels », explique Claire Hugenschmitt. Le Réseau est également le résultat d’une volonté d’impliquer davantage les personnes dans le fonctionnement de l’association, au conseil d’administration ou dans les groupes de réflexion : « Mais on ne sait pas à qui faire appel. » D’où l’idée de créer un carnet d’adresses de personnes accompagnées, expertes dans leur domaine de vie quotidienne. Président du conseil de la vie sociale (CVS) de l’Esat de Cunlhat, dans le Puy-de-Dôme, Sébastien, 38 ans, fait partie de ces personnes mobilisables : « J’aime discuter, rencontrer des gens. Et si ça peut faire avancer les choses. » Expérimenté à la prise de parole à force d’implication, il constitue une personne ressource pour répondre aux médias ou participer à un groupe de travail ministériel. A condition d’être identifié.
« On ne vend pas du rêve »
La parole est libre, informelle. Mais à la différence des bien connus CVS, elle est censée dépasser le cadre des établissements et de leur organisation. « Le Réseau doit faire émerger des thématiques auxquelles les professionnels ne pensent pas forcément ou des priorités dont nous n’avons pas conscience, souligne Frédéric Payet, co-animateur du Réseau. Il doit nous interpeller, aussi, en termes d’action à porter auprès des pouvoirs publics. » Lors de cette première réunion, Sébastien a évoqué les questionnements sur la vie après l’Esat, rejoignant les préoccupations de collègues plus âgés, proches de la retraite, la faiblesse des salaires dans les ateliers, et le besoin d’une vie affective plus riche. « J’aimerais rencontrer des personnes d’autres foyers, d’autres Esat, confie-t-il. Sortir au ciné, au resto…, mais il n’y a pas assez d’éducateurs pour nous accompagner. »
Une demande centrale, qui interrogera les professionnels sur la manière de la prendre en compte. Mais pour l’heure, il ne s’agit pas tant d’apporter une réponse que d’exprimer de forts besoins « On ne vend pas du rêve. Les personnes le savent. Elles sont d’abord là pour partager des problématiques qu’elles vivent d’ordinaire seules. Et que nous porterons ensuite au débat public », précise Claire Hugenschmitt.
Le Gepso prévoit d’organiser quatre visioconférences par an, suivies d’un séminaire en présentiel. Mais si le nombre de participants augmente, « il faudra multiplier le nombre d’animateurs et de conférences. Des personnes accompagnées pourraient alors devenir des animateurs du Réseau », suggère la co-animatrice. Et c’est en développant ce type d’espaces que l’association entend renforcer la présence des personnes dans ses instances mais aussi leur voix dans le débat public.