À peine cinq minutes séparent la nouvelle résidence autonomie de l’ancienne, toutes deux situées à Bazas (Gironde), mais trois semaines ont été nécessaires pour déménager les 39 logements. Durant tout ce temps, Sarah Castaing était aux côtés des habitants, certains très affectés par ce changement. « Un déménagement est toujours un moment particulier, et encore plus pour une personne âgée. Il faut de la pédagogie, de la patience et beaucoup d’écoute », pointe l’assistante mobilité de l’Atelier Remuménage. Créée à Libourne en 2001 par d’anciens directeurs du secteur médico-social, l’association s’est fait un nom dans le déménagement en Nouvelle Aquitaine. Sa vocation initiale ? Offrir des services de mobilité résidentielle adaptés aux personnes en situation de fragilité économique ou sociale. Ainsi, les tarifs sont adaptés au quotidien familial et un travail de « médiation sociale » est réalisé. « Dès la prise de contact, nous cherchons à identifier la situation du bénéficiaire et lui indiquons les aides financières auxquelles il peut prétendre », détaille Wiame Benyachou, sa directrice générale.
Voilà deux ans, l’atelier, désormais bordelais, s’est lancé un nouveau défi : proposer un accompagnement global au changement de lieu de vie. « Tri, mise en carton, prise en charge des encombrants, rédaction de courriers de résiliation, montage de meubles… Ces actions peuvent s’avérer très complexes à gérer pour une personne isolée ou fragilisée, par exemple par l’âge ou un handicap. On les assiste de A à Z pour que le déménagement ou le réaménagement du domicile se passe au mieux », détaille la responsable. Deux « assistants mobilité », spécifiquement formés à l’accompagnement des vulnérabilités, assurent la coordination logistique globale et un soutien moral aux usagers. « J’essaie de leur alléger au maximum la charge. Cela implique que je sois présente à chaque étape, pour les rassurer, les aider à faire le tri de leurs affaires personnelles en respectant leur rythme, mais aussi à prendre leurs marques dans leur nouveau logement. C’est cette dimension relationnelle, que les autres services de déménagement ne proposent pas, qu’ils apprécient », constate Sarah Castaing, devenue assistante mobilité en février 2022 après une formation d’aide à domicile.
Combler un vide
Géraldine Bougeault, éducatrice spécialisée au Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques, fait régulièrement appel aux services de l’atelier : « Jusque-là, quand il fallait aider une personne pour démarrer un compteur ou mettre de l’ordre chez elle, on se retrouvait en difficulté faute de temps et de moyens. Pouvoir compter sur des professionnels avec une vocation sociale est donc un vrai plus. » Séduits, les prescripteurs sont ainsi de plus en plus nombreux à recourir à cette solution. Parmi eux, des bailleurs sociaux, mais aussi des associations, des institutions, des mandataires judiciaires, des centres communaux d’action sociale ou des maisons départementales des solidarités.
Avec 1 300 déménagements et 250 accompagnements à son actif, l’association cultive son point fort : la relation de confiance avec ses partenaires. « On connaît leurs besoins, eux savent qu’on peut y répondre, même dans l’urgence. Le fonctionnement est efficace car cela fait des années que nous travaillons ensemble », se félicite Wiame Benyachou. Reste que s’il est plus économique, ce dispositif n’en demeure pas moins payant. Et les aides, plafonnées. « Le frein peut être important pour les publics qui vivent parfois avec quelques centaines d’euros », reconnaît Géraldine Bougeault qui espère, tout comme l’énergique directrice de Remuménage, que les autorités publiques se saisissent de cette question. Avec un idéal : l’obtention de financements dédiés à la mobilité résidentielle.