De plus en plus de Français arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite en ayant été confrontés à plusieurs périodes de chômage, des difficultés de santé, de logement ou des ruptures avec leur famille. Autant de problèmes qui les ont fait parfois basculer dans la précarité ou l’exclusion.
Ces personnes, qui vieillissent précocement, ont beaucoup de mal à accéder à leurs droits. Résultat, elles sont nombreuses à être accueillies dans les centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ou présentes dans les logements accompagnés (comme les pensions de famille). Ainsi, en Ile-de-France, 9 % des personnes accueillies dans les structures AHI (accueil, hébergement, insertion) sont en perte d’autonomie.
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Un phénomène relativement nouveau puisque jusque-là, les individus concernés n’atteignaient pas l’âge de la perte d’autonomie. Rien d'étonnant donc que les structures qui les prennent en charge ne soient malheureusement pas toujours adaptées pour les accompagner dignement. Ainsi, 87 % des établissements d'Ile-de-France qui accueillent des personnes en situation de dépendance indiquent être en difficulté dans l’accompagnement des personnes, principalement du fait de l’absence de solutions d’orientation.
C’est ce qui a motivé l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss) à lancer une étude soutenue par la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (Dihal). Elle y met en lumière des expériences innovantes d’accompagnement des personnes précaires vieillissantes et formule des préconisations. Selon Gilles Desrumeaux, président du groupe Prévention-Hébergement-Logement, « l’enjeu est de parvenir à dépasser les frontières entre le secteur du grand âge et celui de l’hébergement/logement ».
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Dans son étude, l’Uniopss formule des préconisations s’inspirant de bonnes pratiques déjà existantes sur le territoire. Ces recommandations sont « réalisables y compris dans le contexte budgétaire contraint », insiste l’organisation, mais elles nécessitent « une mobilisation conjointe des acteurs associatifs, des pouvoirs publics locaux et nationaux ».
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1- Développer l’offre de solutions à destination des personnes âgées précaires
Comment ?
- En déployant les petites unités de vie (PUV) qui, par leur nombre de places plus réduit que l’Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), permettent une meilleure prise en compte des spécificités de la personne.
- En levant les freins à l’habitat inclusif pour les personnes âgées précaires. L’Uniopss demande à sécuriser le financement des porteurs de projet au-delà de 2029.
- En renforçant l’offre et le financement de logements sociaux, puisque la pénurie de logements locatifs sociaux globalement pour tout type de publics pénalise notamment les personnes âgées précaires.
- En apportant des réponses aux personnes âgées en situation irrégulière.
2- Favoriser un continuum de prise en charge pour éviter les ruptures de parcours
Comment ?
- En favorisant l’interconnaissance et les partenariats entre les professionnels des secteurs personnes âgées et hébergement/logement.
- En pensant conjointement les programmations de l’offre de ces deux secteurs.
3- Consolider le droit commun qui étaye les personnes âgées précaires
Comment ?
- En favorisant l’orientation vers l’Ehpad grâce à un projet d’accueil et une équipe professionnelle mobilisée avec un financement dédié.