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Santé mentale : un guide pratique pour accompagner les migrants

Des migrants syriens et irakiens discutent avec des médecins à leur arrivée dans un centre d'hébergement de Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), le 9 septembre 2015.

Crédit photo JACKY NAEGELEN / REUTERS
Adresses, conseils et bonnes pratiques sont condensés dans un guide destiné aux travailleurs sociaux intervenant auprès de personnes déracinées. Un exil contraint qui peut avoir de lourdes conséquences psychiques.

L’Observatoire national sur la santé mentale et les vulnérabilités sociales Orspere-Samdarra vient de publier un guide à destination des intervenants sociaux pour soutenir la santé mentale des personnes migrantes. Truffé de conseils pratiques, d’adresses et de ressources pour à la fois identifier les symptômes et savoir où adresser les personnes concernées, ce document a pour objectif global d’apporter quelques clés de lecture sur la santé mentale. Un outil didactique pour faciliter l’appréhension des situations auxquelles les professionnels accompagnants peuvent être confrontés au quotidien.

Coconstruit avec des intervenants sociaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce document explique dans un premier temps les spécificités des problèmes de santé mentale lorsqu’une personne se retrouve en situation de migration contrainte. Des violences ayant entraîné le départ du pays d’origine aux réalités post-migratoires (précarité, isolement) en passant par des mois ou des années sur les routes de l’exil, différents facteurs de vulnérabilité peuvent avoir des impacts négatifs importants sur le bien-être psychique ou parfois aggraver des troubles mentaux préexistants.

Réaction normales pour situations anormales

Une fois en France, les personnes migrantes sont soumises à toute une série de « stresseurs » tels que l’éloignement des proches restés au pays, des conditions de vie précaires et des besoins primaires non assurés, la barrière de la langue, les démarches administratives et notamment la procédure de demande d’asile, l’impossibilité de travailler, la perte du statut social, une forme de déshumanisation…. Le guide synthétise tous ces paramètres en une formule : « Les problématiques de santé mentale rencontrées par ce public sont le plus souvent des réactions normales à des situations anormales. »

Le guide consacre sa deuxième partie à l’accès aux soins de santé mentale proprement dits en répertoriant les différents professionnels de santé et de santé mentale (médecins généralistes, psychologues, psychiatres), les approches possibles (thérapies cognitives et comportementales, EMDR, approche psychanalytique…), ainsi que les structures et services de soins dans le droit commun (hôpitaux psychiatriques, centres médico-psychologiques, équipes mobiles psychiatrie précarité) et pour les enfants (CMPP, PMI, ASE, maisons des adolescents, points accueil écoute jeunes etc…). Des encadrés expliquent concrètement les diverses marches à suivre pour accéder aux praticiens - hospitaliers ou libéraux - et aux structures spécialisées en consultations transculturelles. Des conseils sont en outre donnés en cas de difficultés d’accès aux soins ou de refus de soin.

Traumatismes vicariants

Le troisième chapitre, « soutenir la santé mentale des personnes migrantes », propose des clés pour que les travailleurs sociaux, acteurs de prévention par excellence, puissent repérer les signaux qui devraient les alerter. Parmi ces signes et comportements témoignant potentiellement d’une souffrance psychique : repli sur soi, hallucinations, troubles du sommeil, troubles de la mémoire… Le guide explique que tous ces symptômes peuvent se déclarer pendant des périodes bien précises, les souvenirs traumatiques étant souvent ravivés lors du passage en centre de rétention administrative, au moment de la rédaction du récit de vie pour la demande d’asile ou lorsqu’elle est rejetée.

Enfin, cet outil pratique se penche sur la santé mentale des travailleurs sociaux eux-mêmes. Accompagner des personnes ayant vécu une situation de migration contrainte les mobilise parfois au-delà de leur posture professionnelle. Ils peuvent souffrir de traumatismes vicariants – être confronté aux histoires traumatiques des autres – et d’une surcharge émotionnelle. Le guide leur donne, là encore, des conseils simples pour les aider à préserver leur propre santé mentale.

 

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