A l’occasion d’une maraude menée par le Samu social en Ile-de-France à laquelle Christophe Béchu s’est joint dans la nuit du 15 au 16 janvier, le ministre de la Transition écologique a rappelé les efforts gouvernementaux consentis pour permettre aux préfets de renforcer la capacité d’accueil des personnes à la rue, durant la période de froid.
« Nous agissons de façon structurelle »
« Je tiens à saluer l’engagement de chaque instant de tous les bénévoles et salariés », indique-il sur son compte X (anciennement Twitter). Avant d’ajouter : « A l’heure actuelle, ce sont 3 484 places qui sont ouvertes dans 55 départements, et 328 places supplémentaires sont mobilisables. Au-delà de l’accompagnement immédiat, nous agissons de façon structurelle pour améliorer l’accueil des plus précaires. »
Dans un contexte où le nombre de sans-domicile forcés de dormir dehors, faute de places au sein des structures d’urgence, est estimé à plus de 8 000 par les associations, il n'est cependant pas certain que le compte y soit.
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« Nous assumons le maintien en continu de notre parc d’hébergement à un niveau historiquement haut : plus de 200 000 places, le double en dix ans », poursuit le ministre. Rappelons que le nombre de sans-abri a lui aussi doublé sur la décennie, atteignant 330 000 l’an dernier (chiffres Fondation Abbé-Pierre).
En attendant un ministère du Logement...
Par ailleurs, l’annonce gouvernementale du 8 janvier qui porte sur la dotation pour le secteur d’une enveloppe de 120 millions d’euros qui permettrait la création de 10 000 places d’accueil supplémentaires, a été réitéré à l’occasion de la « maraude » du ministre. Puis il a précisé sur l'antenne de France Inter, mercredi 17 janvier, que ces places seraient en priorité « fléchés vers les femmes et les enfants ».
Mais à l'heure actuelle, les acteurs associatifs ne connaissent toujours pas les dates auxquelles l’argent sera mobilisable. Peut-être faudra-t-il attendre la nomination d’un ministre ou d'un secrétaire d’Etat chargé du logement ?
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De leur côté, les professionnels ne cessent de dénoncer le manque de moyens qui les contraint à trier les publics en fonction de leurs vulnérabilités et à laisser à la rue chaque soir plusieurs milliers de personnes. Christophe Béchu ne manque pas de conclure son post sur X par « respect et reconnaissance aux acteurs de terrain ». Des acteurs qui préviennent : « On ne peut plus s'occuper des SDF », comme l'affirme Pascal Brice, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) dans Le Parisien.
Depuis le 1er janvier, quatre sans-abri sont morts dans la rue. Et les températures vont encore chuter cette semaine, alors que l'on s'approche du 70e anniversaire de l'appel de l'abbé Pierre du 1er février 1954. Une allocution radiophonique qui commençait ainsi : « Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l'avait expulsée... »
Ce texte raisonne étrangement 70 ans plus tard. Et Emmaüs d'appeler à un nouvel élan de solidarité populaire en lançant, en 2024, une grande campagne numérique de mobilisation citoyenne. Baptisée #Indignaction, elle entend permettre aux citoyens d’exprimer librement les injustices qui les indignent en partageant une vidéo sur les réseaux sociaux.
Dans 1 mois nous fêterons les 70 ans de l’appel de l’abbé Pierre !
Parce qu'il reste encore aujourd’hui de nombreuses raisons de s’indigner et d'agir, nous vous proposons de lancer durant tout le mois de janvier vos propres appels à l'#IndignAction : https://t.co/POw3kLEv2x pic.twitter.com/g3bGP15Aha
— Emmaüs France (@emmaus_france) January 1, 2024