Alors que l’opération « Vacances apprenantes » (lire notre article) vient de prendre fin, le gouvernement annonce sa réussite dans un communiqué. En juin dernier, 200 millions d’euros avaient été déployés pour sa mise en place par le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports. Une action qui visait à soutenir les familles dont les enfants avaient été fragilisés sur le plan pédagogique durant la crise. Et ce, au travers de quatre dispositifs, parmi lesquels l’organisation de colonies apprenantes. L’objectif étant de « prendre en charge le départ en séjours labellisés de 250 000 enfants et jeunes, dont 200 000 en quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) », indiquait le ministère en juin.
A l’heure du bilan, 125 000 enfants en ont finalement bénéficié au moyen de 6 000 séjours organisés sur les mois de juillet et d’août. Si, pour le gouvernement, les objectifs sont atteints, les acteurs du secteur relativisent ce résultat, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de l’opération. « Se féliciter lorsque 500 000 enfants sont recensés comme étant des décrocheurs scolaires m’interroge », indique Sébastien Thollot, secrétaire national « solidarité France » pour le Secours populaire, qui retient malgré tout une volonté politique de moyens.
Un cadre initial adapté
L’association a pu recevoir une vingtaine de jeunes dans le département du Puy-de-Dôme chaque semaine durant tout l’été, et dans deux autres départements durant quinze jours. « Pour généraliser le dispositif, il fallait que la structuration des lieux d’hébergement des vacances soit adaptée, et ce n’était pas le cas partout. Il était difficile de répondre à cette demande dans les temps impartis », explique-t-il. Le fait d’engager des coûts sans connaître les dates de remboursement a également freiné le positionnement de l’association sur ces séjours, d’autant plus que des colonies propres au Secours populaire s’organisaient déjà.
Pour sa part, l’association Cannes Jeunesse a obtenu le label « Colos apprenantes » pour l’ensemble de ses 24 séjours. Ainsi, tout au long de l’été, chaque semaine, entre 2 et 8 enfants ou adolescents ont intégré les stages proposés. « Tous nos projets pédagogiques ont été réécrits pour répondre aux critères. Pour y parvenir, avant l’arrivée des enfants, nous avons décortiqué chacune de nos activités pour créer un lien avec le programme scolaire en fonction de la tranche d’âge », indique Julien Thuilliez, responsable du centre international de séjours de Cannes Jeunesse.
Des animateurs initiés
L’adhésion des directeurs de séjours au dispositif et le fait que les intervenants travaillent avec un public scolaire le reste de l’année ont contribué à la réussite de la mise en place du label. « La difficulté s’est portée sur l’intégration des programmes dans le fonctionnement de travail des jeunes animateurs, qui peuvent avoir du mal à concrétiser les concepts pédagogiques sur le terrain », précise le responsable du centre international de séjours. En ce qui concerne les relations avec les services déconcentrés de l’Etat chargés du suivi du dispositif, les deux responsables sont unanimes. La collaboration s’est bien déroulée et le dispositif a apporté une réponse positive à de nombreux enfants, alors que le reste à charge pour les familles est quasiment inexistant. « C’est un très bon dispositif qui permet à un ensemble d’acteurs de se mettre en concertation pour soutenir un enfant, mais nous ne sommes qu’un des piliers qui permettent aux enfants de rattraper le retard. Il ne s’agissait que d’une semaine de prise en charge », conclut Julien Thuilliez.