La ministre des Solidarités et de la Santé et le secrétaire d’Etat nouvellement nommé à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, ont présenté, ce lundi 28 janvier devant le CNPE (Conseil national de la protection de l’enfance), leur feuille de route pour une future stratégie en la matière. Une concertation avec les acteurs du secteur, et en particulier les départements, doit aboutir à des mesures, qui devront être "finalisées" d’ici l’été.
Au cours d’une conférence de presse, organisée à la suite de cette présentation, les deux membres du gouvernement ont donné quelques précisions. La feuille de route se décline en trois axes. Elle "débute par la prévention, avec l’accompagnement des parents dès la grossesse", a expliqué le nouveau secrétaire d’Etat. Il s’agira de créer des "parcours de périnatalité" dès le quatrième mois de grossesse et de renforcer le suivi après la naissance, avec la protection maternelle et infantile. Une compétence qui relève principalement des départements.
Le deuxième axe consiste à "mobiliser contre les violences faites aux enfants". Soulignant que, sur quatre personnes ayant des suspicions de violence à l’égard d’enfants, "moins d’une va effectivement la signaler", Adrien Taquet souhaite que les citoyens soient encouragés à parler.
Le troisième axe vise l’aide sociale à l’enfance (ASE), politique mise en œuvre sous la responsabilité des départements. Le nouveau secrétaire d’Etat a, en particulier, insisté sur la formation des professionnels et les conditions de leur recrutement. "Aujourd’hui, on s’aperçoit que le minimum de formation nécessaire n’est pas forcément respecté, et que cela peut déboucher sur des situations de maltraitance", a-t-il affirmé. La future stratégie devra conduire également à une "exécution plus rapide" des mesures judiciaires de placement.
Le gouvernement s’inquiète, par ailleurs, de la baisse du nombre des familles d’accueil. "Il y a une réflexion pour rendre plus attractif l’accueil en famille des enfants, parce que ça offre un cadre affectif que je pense approprié", a-t-il déclaré. Un travail sur les modalités d’adoption simple par les familles d’accueil pourrait être mené pour faciliter cette possibilité.
Silence sur les moyens
La ministre a, de son côté, réitéré ses projets de prise en charge à 100 % du parcours de soin des enfants de l’ASE – y compris les soins psychologiques – et de soutiens financiers à ceux souhaitant poursuivre des études supérieures (places en internat, bourses spécifiques…). En revanche, aucune annonce n’a été faite concernant la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA), au cœur de la discorde entre les conseils départementaux et l'Etat, ni la continuité de la prise en charge des jeunes sortant du cadre de l’ASE à leur majorité. L’existence de dispositifs de maintien de suivi est très hétérogène sur le territoire, puisqu’elle dépend de la volonté politique des départements. Sur ce sujet, comme sur celui de la prise en charge des MNA, les départements estiment que c'est une question de moyens.
Cependant, la feuille de route élude le problème des finances. Le jour de la nomination d’Adrien Taquet, vendredi 24 janvier, le Premier ministre indiquait : "il y a une question de mobilisation des moyens. Aujourd’hui, ils sont éclatés parce qu’il y a énormément d’acteurs qui interviennent en matière de protection de l’enfance. […] Ce que nous voulons, là encore, c’est que les acteurs [conseils départementaux, justice, Education nationale] travaillent mieux ensemble", avait-il poursuivi.