« Si un proviseur nous crie dessus, est-ce considéré comme de la violence ? », « Un enseignant peut-il nous demander de nous occuper d'élèves non notifiés ? », « A qui dois-je faire remonter des problèmes avec mes collègues ? », « Les heures sur le temps méridien sont-elles comprises dans mon contrat ? ». Ce mardi matin, les questions ne tarissent pas de la part des professionnelles réunies dans les locaux SNES-FSU du Rhône, syndicat majoritaire du second degré à l’origine de la formation.
Retours de terrain
« Depuis des années, les AESH sont particulièrement maltraitées. L’objectif de cette journée annuelle est de s’adresser aux professionnels pour les tenir informés sur les évolutions de leur statut, les réformes en cours et leur expliquer comment faire valoir leurs droits. Généralement, c’est surtout l’occasion pour elles et eux de faire remonter des problématiques rencontrées dans leurs établissements », détaille Jérôme Derancourt, responsable AED/AESH au SNES-FSU de Lyon. Ce 3 décembre, il co-anime la formation avec Virginie Cassand, AESH à Paris. Face à eux, près de cinquante accompagnants de maternelle, d'école élémentaire, de collège et de lycée.
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Assises côte à côte, deux collègues de Vaulx-en-Velin partagent leur expérience avec le reste du groupe. « Moi, voilà à quoi ressemble mon emploi du temps : une liste de noms d'élèves, sans horaire ni aucune précision sur le nombre d’heures que je dois passer avec chacun », explique Dalila. Trois rangs plus loin, une consœur raconte qu’elle doit parfois accompagner deux ou trois élèves à la fois, dans une même classe. Quant à Myriam, exerçant à Vénissieux, elle a déjà fait huit ou neuf signalements au CSE (comité social et économique) à la suite des situations de violence ou des risques pour sa santé au travail, restés lettre morte.
Absence de cadre protecteur
« On réalise que lorsque le ministère pond une circulaire, chaque académie adapte ensuite ses propres règles. C’est un peu le règne de l’arbitraire, assène Virginie Cassand. Ce n’est absolument pas normal par exemple que ces professionnelles n’aient pas toutes un emploi du temps signé et un avenant à leur contrat de travail. Ce document protège car il permet de fixer la quotité de travail, le niveau de rémunération et les lieux d’exercice. »
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Pour beaucoup, la difficulté tient à un manque de reconnaissance. « Pendant longtemps, je n'étais même pas sur la liste de mails des professionnels du collège », souffle une accompagnante. Sa voisine, AESH dans une école de la banlieue lyonnaise, acquiesce : « En théorie, on doit pouvoir participer aux ESS [équipes chargées du suivi du projet de scolarité de l'élève handicapé], mais ça se passe systématiquement sans moi. Et quand je demande à être présente, on me répond qu’il n’y a personne pour garder l’enfant pendant ce temps. »
Au mur, les slides défilent. Lecture d’un contrat de travail, procédure pour demander le versement rétroactif des primes REP/REP+, aides sociales… Quelques heures pour brosser un tableau général et convaincre les professionnelles de la force du collectif. « C’est compliqué, quand on est en situation précaire, de se mettre en porte à faux vis-à-vis de sa hiérarchie. Mais plus on est nombreux face à l’administration, et plus on a de chances qu’elle nous écoute », conclut la formatrice.
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