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En Loire-Atlantique, le « revenu jeunes » livre des premiers résultats encourageants

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Conférence de presse du 18 septembre sur l'expérimentation du revenu jeunes à Nantes.

Crédit photo DR
A l’instar de la métropole lyonnaise et de la Gironde, le département de Loire-Atlantique teste depuis juillet 2022 un « revenu jeunes » pour accompagner les 18-24 ans en situation de précarité vers l’autonomie. En un an, 418 jeunes en ont bénéficié. Le département veut en toucher davantage.

Il y a le cas de Stacy (1) qui a pu mettre de côté pour passer son permis de conduire, celui de Stéphane qui a pu accéder à un logement autonome et s’inscrire à une formation en alternance, ou encore celui de Déborah qui, au lieu de travailler, a pu se concentrer sur ses épreuves du Bac… Si leur situation diffère, tous trois ont en commun d’avoir perçu un « revenu jeunes » au cours des 12 derniers mois.

Instauré en juillet 2022 par le département de Loire-Atlantique, cette aide financière d’un montant de 508 € maximum, renouvelable par tranches de trois mois, s’adresse aux jeunes âgés de 18 à 24 ans révolus, résidant dans le département. L’objectif : faire face à des besoins non couverts et ainsi combler les trous du filet de protection sociale auprès de cette population pour laquelle il n’existe pas de solutions du côté des programmes nationaux. « Cette expérimentation n’a pas pour but de régler toutes les difficultés, ni de se substituer à d’autres dispositifs. L’idée est de pouvoir proposer une solution rapide, simple et complémentaire pour débloquer une situation d’urgence ou de détresse sociale », indique le président du conseil départemental, Michel Ménard, lors du point d’étape organisé le 18 septembre 2023 à Nantes, soit un an après le lancement.

Un dispositif tremplin

Un premier anniversaire qui s’avère globalement « positif », estime-t-on au département. Sur le nombre de bénéficiaires, tout d’abord, puisqu’ils sont 418 à avoir pu obtenir ce « coup de pouce » financier pour débloquer leur situation. Sur la durée de perception de l'aide également. Plus d’un jeune sur deux a en effet pu quitter le dispositif au bout de quatre mois. « Cela prouve qu’elle a un effet tremplin qui permet une levée des freins et une amélioration rapide de la situation, qu’il s’agisse d’obtenir un logement ou de retrouver le chemin des études, de l’emploi ou de la formation », renseigne Jérôme Alemany, vice-président du département, chargé de l’action sociale de proximité, de l'insertion et de la lutte contre l’exclusion. Positif enfin, car ce dispositif a offert un accompagnement social sur-mesure à des jeunes qui, jusque-là, étaient inconnus des institutions. « Nous sommes satisfaits de voir que, grâce à cette allocation simple et rapide à percevoir, nous avons la capacité de capter d’autres personnes et ainsi de lutter contre le non-recours », se félicite pour sa part le président.

Parmi les principaux prescripteurs, les missions locales (60 %), mais aussi les espaces départementaux des solidarités (EDS) et, en proportion moindre, les associations pour qui ce revenu jeunes offre une réponse supplémentaire, « saluée unanimement », dans un contexte où la situation de plus en plus de jeunes s’aggrave. « Parce que le revenu jeunes ouvre droit à une rémunération, elle permet une amélioration de la qualité de vie, plus de marge de manœuvre dans la gestion de leur budget. Par ailleurs, elle engage une reconquête de la dignité chez certains jeunes », résume la sociologue Morgane Le Henanff, à l’origine d’une enquête qualitative sur les effets de ce dispositif.

Résultats définitifs en 2025

Si elle a des bénéfices, cette expérimentation, qui doit se poursuivre jusqu’en 2025, a toutefois dû être ajustée afin de s’adapter aux réalités des publics et permettre son élargissement à d’autres bénéficiaires. « 400 jeunes c’est bien mais nous avons la capacité financière pour en accompagner davantage (2). Dans certains territoires de Loire-Atlantique, il y a notamment très peu de dossiers. Cela nous questionne. De plus, nous aimerions une meilleure prise en compte des étudiants afin de mieux les accompagner dans la réalisation de leur scolarité ou encore une systématisation du revenu jeunes en sortie de contrat jeune majeur », liste Jérôme Alemany.

Reste toutefois inchangées les principales conditions pour en bénéficier, à savoir l’âge (18-24 ans révolus), la nationalité (française, étranger en situation de séjour régulier en France ou en attente de régularisation) et le montant des ressources. D’ici deux ans, une évaluation finale permettra de décider de la pérennisation ou non de ce revenu jeunes. En fonction de son bien-fondé, il pourra être porté au niveau national. C’est du moins ce que Michel Ménard appelle de ses vœux : « Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas une solidarité nationale qui prenne le relai. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités et agisse plus en direction de la jeunesse. Dès lors qu’on arrive à accompagner ces jeunes, on ne les retrouvera pas plus tard dans nos dispositifs d’aide sociale. C’est un investissement dans l’avenir. »


(1) Tous les prénoms ont été modifiés.

(2) Sur un budget prévisionnel global de 2 millions d’euros, la moitié des crédits devrait être consommée en 2023.

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