Comment venir en aide aux travailleurs sociaux faisant face à des violences sexuelles commises par des enfants ou des adolescents en milieu scolaire ? Un guide pratique tout juste publié par le Centre of Expertise on Child Sexual Abuse (CSA Centre)(1) tente de répondre à la question. Le CSA est composé d’une équipe pluridisciplinaire financée par le ministère de l’Intérieur britannique. Y collaborent des partenaires universitaires, des autorités locales, de la santé, de l’éducation, de la police et du milieu associatif. « Que ce soit dans le secteur du soutien familial, de la protection de l’enfance, du handicap, ou encore de l’adoption, les travailleurs sociaux sont amenés à conseiller et soutenir d’autres professionnels confrontés à des comportements sexuels préjudiciables », rappelle Anna Glinski, directrice adjointe du CSA Centre. Malheureusement, ajoute-elle, « nous nous trouvons parfois démunis face à de telles situations, principalement par un manque de formation sur le sujet des abus sexuels commis à l’encontre des enfants ».
La culture du viol dans les écoles
Pour justifier sa démarche, le Centre d’expertise sur les abus sexuels envers les enfants s’appuie sur les statistiques officielles fournies par le ministère de l’Intérieur et sur les récits collectés par l’Ofsted (Office for Standards in Education, Children’s Services and Skills). Cet organisme public dépendant du Parlement britannique est chargé d’inspecter autant les structures scolaires que les services de garde d’enfants, d’adoption et d’accueil. En avril 2021, pas moins de 50 000 récits de violences sexuelles avaient été soumis à l’Ofsted pour avancer dans « l’éradication de la culture du viol dans les écoles » à l’initiative de l’association Everyone’s Invited. « Les rapports publiés l’année dernière par l’Ofsted ont une nouvelle fois mis en évidence l’énormité du problème dans les écoles. En tant que travailleurs sociaux, vous êtes susceptibles d’être les premiers à intervenir dans ces situations, et nous espérons que ce guide vous donnera à la fois les connaissances et les ressources nécessaires pour conseiller et accompagner les structures scolaires », veut croire Anna Glinski.
Éviter les risques de récidive
La brochure d’une cinquantaine de pages examine les mesures clés à mettre en place lorsqu’un incident préjudiciable se produit, et propose des conseils pratiques plus larges « tels que la façon de communiquer avec les enfants et leurs parents ». Sont ainsi détaillées les réactions préconisées en fonction de la nature et de la gravité du comportement sexuel, l’aspect crucial de la mise en place immédiate d’un dialogue avec toutes les parties concernées, les clés pour comprendre le comportement sexuel délictueux, et des propositions de « plans de sécurité » pour éviter les risques de récidive. Le CSA Centre tente d’y étudier tous les cas possibles, d’un comportement jugé sans gravité mais « inapproprié » ou « socialement inattendu », jusqu’aux cas les plus traumatisants impliquant « la manipulation, la coercition, l’absence de consentement, la violence et les éléments de sadisme ».
Développé « par des professionnels pour des professionnels », le guide a été rigoureusement examiné par des universitaires, des enseignants, des chefs d’établissement et des responsables de la protection de l’enfance évoluant dans toutes les formes de structures scolaires, assure le CSA Centre.
(1) Le guide peut être téléchargé à partir du lien : bit.ly/3SS15rW.