En apparence, il a tout d’une proposition classique. Créé en janvier 2020, le service d’accueil pour mineurs non accompagnés (Amina) de la fondation La Vie au grand air reçoit 50 jeunes âgés de 15 à 18 ans, voire 21 ans pour les contrats jeunes majeurs. Il les héberge dans des appartements collectifs diffus au sein de l’agglomération de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) et assure un accompagnement éducatif. Cinquante places parmi les 750 créées dans le cadre d’un appel à projets du département. Du classique, donc. Sauf que la fondation a d’emblée choisi d’accoler au service une plateforme de bénévoles, complémentaires des éducateurs. « C’était une volonté de notre directrice régionale, Sophie Savournin, d’apporter une plus-value dans la relation avec les jeunes et dans le travail d’observation. Passer par des bénévoles était nécessaire », explique Grégory Gambart, chef de service éducatif du dispositif : « Ces personnes sont les premières, depuis le début de leur parcours migratoire, à venir pour le plaisir d’être avec eux. Leur présence peut donner lieu à de belles rencontres. »
La fondation a noué une série de partenariats avec des structures spécialisées dans un domaine. Des artistes – bénévoles, parfois indemnisés grâce à des dons récupérés par la fondation – interviennent lors d’ateliers de percussions, d’arts plastiques, d’écriture ou encore d’initiation au beat box, au graff ou au DJaying. « Certains ateliers s’apparentent à de l’art-thérapie, même si on ne le dit pas ainsi », souligne Romain Thirion, coordinateur de la plateforme. « Ils permettent de mettre des mots – des dessins – sur les maux, poursuit Grégory Gambart. Mais aussi de créer un sas pour oublier la pression de réussir souvent héritée de leur pays d’origine. Certains jeunes se refusent à des activités de loisirs. Pour la première fois, ils s’autorisent à faire autre chose que travailler sur un chantier, dans les champs… Et c’est parfois une découverte au sens où ils se révèlent. »
Sur un pied d’égalité
De la cuisine au théâtre en passant par le sport ou l’art, l’intervention des bénévoles est encadrée par les éducateurs. Il n’est pas rare que ces professionnels participent aux ateliers, lieux d’échange et de partage. « C’est une manière de mettre sur un pied d’égalité le jeune et l’éducateur, lequel ne se trouve plus dans une posture de sachant, indique Grégory Gambart. Cela permet de travailler la relation éducative avec d’autres grilles de lecture, d’avoir une vision plus globale du jeune, de son état de santé physique ou psychologique. Et, in fine, de personnaliser l’accompagnement. »
En plus de ces partenaires, six bénévoles interviennent en matière de soutien scolaire. Ils ont du temps à accorder et surtout des compétences. L’un d’entre eux, diplômé en français langue étrangère, dispense un soutien linguistique deux heures par semaine. Un autre, spécialisée en informatique, a mis en place des ateliers sur le sujet… Inscrite sur la plateforme associative tousbenevoles.org, la fondation trie ses bénévoles sur le volet. « On propose un parcours de recrutement avec différentes rencontres pour vérifier que les aspirations de ces personnes sont saines, explique Grégory Gambart. Ils vont intervenir auprès de publics fragiles, on ne doit pas avoir le moindre doute sur leur engagement. » Si le dispositif a pâti de s’être lancé au tout début de la crise sanitaire, la fondation entend accélérer le recrutement de bénévoles. Avec le défi, bien sûr, de les fidéliser.
