Pouvez-vous nous rappeler l’objectif du Festival du film social qui débute le 7 octobre ?
Il s’agit d’œuvrer à la promotion du travail social. L’idée vient au départ de plusieurs organismes de formation : se servir de la représentation cinématographique pour attirer des vocations et faire en sorte que ce secteur soit mieux connu. Le cinéma, en restituant l’histoire de personnes en difficulté, que ce soit en raison de leur précarité, de leur handicap ou de leur origine, peut susciter une meilleure compréhension de ce qu’elles vivent et un engagement dans les métiers du social. Les films peuvent aussi permettre de reconsidérer les pratiques, c’est un bon vecteur de discussions collectives chez les étudiants en travail social et les professionnels. Le dernier objectif, plus utopique, est qu’à travers un festival ouvert à tout public, l’attention du plus grand nombre soit braquée sur les personnes en situation de vulnérabilités et ainsi contribuer au développement d’une prise de conscience et de davantage de solidarité dans notre façon de vivre ensemble. Le social doit être l'affaire de tous.
C'est la sixième édition, avez-vous des retours sur les buts recherchés ?
Ils sont plus difficiles à porter qu’on ne l’imagine car ils se tiennent en amont des politiques publiques. On souhaite mettre le projecteur sur la parole et les conditions de vie des personnes, sans aller vers l’exposé plus militant d’une cause ou d’un modèle social qui pourrait leur venir en aide. Mais, à l’issue des séances, des débats sont organisés et sont prolongés dans certaines écoles de formation au travail social. Il n’y a pas forcément de travailleurs sociaux en action à l’écran mais ils sont convoqués indirectement comme dans le film « L’ histoire de Souleyman » qui sera diffusé en avant-première lors de la soirée d'ouverture (*). Primé à Cannes dans la catégorie « Un certain regard », il raconte le parcours d’un demandeur d’asile en attente de régularisation, ses démarches pour obtenir l’asile, dormir dans un centre d’hébergement, gagner sa vie... Je suis psychiatre au départ, entrer dans la question sociale à partir du vécu singulier des personnes me paraît fondamental.
Comment sont sélectionnés les films et qui compose le jury ?
La sélection s’est réalisée à partir d’une production abondante de 600 films, français mais aussi canadiens, belges, etc. Six volontaires se répartissent le visionnage, la moitié viennent du cinéma, l’autre du champ social. Cette année, 22 films ont été retenus. Le jury de La 25ème image, l’association initiatrice du festival en 2019, décernera deux prix, celui de la meilleure fiction et celui du meilleur documentaire. Présidé cette année par Stéphane Mercurio, une réalisatrice qui donne la parole aux invisibles, il se compose aussi, entre autres, de Daniel Goldberg, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) et de Nathalie Latour, directrice de la FAS (Fédération des acteurs de la solidarité). La caractèristique de notre projet est de produire un festival culturel et social à la fois. D’où l’intérêt de l’organiser un peu partout en France (**), ce n’est pas simple mais le résultat est que nous avons de plus en plus de spectateurs. Cela constitue un bon levier pour favoriser l'attractivité des métiers.
(*) Le 7 octobre au cinéma Les Cinq Caumartin à Paris.
(**) Infos pratiques sur festivalfilmsocial.fr.