« Ce n’est pas possible de laisser des jeunes vulnérables, des femmes victimes de violences conjugales et des enfants sans solution. De voir que des bébés sortant tout juste de la maternité n’ont d’autre point de chute qu’une tente dans un parc. » Au micro, Sophie Randuineau, directrice du SIAO 35, dénonce l’insuffisance de moyens devenue chronique devant environ 70 professionnels réunis place de la République à Rennes (Ille-et-Vilaine), ce jeudi 12 octobre. Dans le cadre de la journée nationale de mobilisation « Halte à la braderie du social », tous ont répondu à l’appel de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Objectif : alerter sur la situation préoccupante de l’action sociale et le manque de volonté politique.
Alors que l’inflation sévit et que le nombre de personnes ayant recours aux associations s’accroît sans cesse, les moyens alloués aux acteurs des solidarités baissent. Résultat : les personnes déjà vulnérables sont toujours plus fragilisées et les conditions de travail et d’engagement des salariés se détériorent. « La limitation des moyens nous mènent tout droit vers des situations de féminicide », prévient Françoise Bagnaud, administratrice de l’association Asfad qui accompagne dans le département les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants.
« On ne construit rien de durable »
Dans le cadre de leurs missions, les professionnelles de la structure sont amenées à proposer des mises en sécurité aux femmes qui les contactent via une plateforme téléphonique dédiée depuis plusieurs années. Elles dénoncent le plafonnement, depuis la rentrée, des unités hôtelières financées par l’Etat. « Il nous faut parfois plusieurs années pour convaincre une femme de quitter le domicile conjugal, et là, nous ne pouvons plus lui proposer de solutions », explique, en colère, Aurore, qui travaille depuis six ans à l’Asfad. Une décision incohérente alors même que le gouvernement a fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité.
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Responsable du pôle urgences de l’association Saint-Benoît Labre qui lutte contre l’exclusion et la précarité, Guillaume Girard réclame des places d’hébergement pérennes. « Face à l’explosion des besoins, on crée de plus en plus de places mais à des tarifs de plus en plus bas », observe-t-il. Avec un prix journalier de 20 €, les professionnels n’ont plus les moyens d’assurer les services connexes de suivi social ou d’accès à la santé. « On ne construit rien de durable. » Epuisés, peu considérés, les travailleurs sociaux sont eux-mêmes confrontés à la précarité, insistent les associations qui peinent à recruter.