ASH : Comment est née l’idée de cette campagne de communication ?
Mads Jalo : Nous avons commencé à travailler dessus depuis un an. Les membres de l’association se sont concertés, car nous voulions que l’opinion publique s’intéresse plus aux problématiques des enfants accompagnés par l’ASE. Avec l’agence de communication Limite, nous avons imaginé une campagne sur les réseaux sociaux avec les portraits des membres de l’association, leurs témoignages et leurs revendications. Nous voulions que les messages des jeunes puissent être écoutés et considérés. Le processus a un peu évolué en cours de route avec le soutien du collectif Cause Majeur !, avec qui nous partageons des valeurs importantes, et des Oubliés de la République.
Qu’attendez-vous comme retombées ?
Nous estimons qu’en protection de l’enfance, l’accompagnement ne doit pas s’arrêter à 18 ans ou 21 ans mais se poursuivre jusqu’à l’inclusion pleine et entière dans la société de chaque jeune majeur. Même s’il y a énormément de difficultés, c’est pour le moment la seule revendication que nous voulons rendre visible. C’est le point qui pourra rendre les autres demandes possibles. La première porte à ouvrir pour les jeunes.
Nous interpellons le gouvernement car les départements doivent bénéficier de plus de soutien financier, autrement les jeunes accompagnés connaîtront toujours des sorties chaotiques. Ils se retrouvent parfois dans le système jusqu’à la fin de leurs jours. Au-delà de ce que cela signifie humainement, ce n’est pas bénéfique financièrement pour l’Etat qui a pourtant investi pour l’éducation et la protection de ces enfants.
Comment se compose cette campagne ?
Premièrement, il y a des visuels. Des portraits de jeunes avec des messages impactants. Ils sont accompagnés d’une vidéo réalisée par Brut qui explique les problématiques en protection de l’enfance et fait également témoigner les jeunes.
Nous proposons aussi sur notre site d’interpeller directement la Première ministre, Elisabeth Borne, via X, anciennement Twitter. Pour que le gouvernement réagisse, il faut qu’il sente une pression, que l’opinion publique s’intéresse à ces sujets. Nous avons ciblé Elisabeth Borne, car elle a entre ses mains une partie des clés pour changer la donne en protection de l’enfance.
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Sur notre site, nous mettons à disposition un kit de communication. Tout organisme, structure ou personne peut le télécharger et partager la campagne en respectant notre charte.
Le déploiement de la campagne sur les réseaux est très important. Sur Twitter, nous voulons toucher les politiques, partager nos revendications. Sur Facebook et Instagram, nous souhaitons faire connaître la protection de l’enfance au plus grand nombre. Et sur LinkedIn, nous nous adressons aux professionnels du travail social, en faisant passer le message que nous voulons travailler avec eux pour changer l’accompagnement.
Est-ce le rôle d’une Adepape (Association départementale d'entraide des personnes accueillies en protection de l'enfance) de communiquer de cette façon ?
Etant donné le contexte, il est essentiel d’agir pour rendre visible le travail social et pour mieux accompagner les jeunes. Si on ne communique pas, malheureusement, on ne sera pas entendus et considérés. Et si nous sommes peu nombreux à communiquer, nous n’avons pas d’impact. Pour obtenir un changement systémique, il faut montrer la nécessité de faire évoluer les lois et qu’elles soient bien appliquées.
Et vous, abandonneriez-vous vos enfants après leur majorité ? Soutenez et partagez la campagne de communication de Repairs ! soutenue par @CauseMajeur et @LesOubliesRep pour accompagner les #jeunesmajeurs sortant de l'#ASE jusqu'à leur inclusion dans la société. @Elisabeth_Borne pic.twitter.com/xhtRAobzOB
— CNAPE (@la_CNAPE) September 25, 2023