Les données sur l’accueil des tout petits en protection de l’enfance ne sont pas légion. Et lorsqu’elles existent, elles ne convergent pas, constate le Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux (Gepso). Pour y voir plus clair, l’association a mené une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 28 pouponnières publiques (sur un effectif total estimé à 70 établissements).
Quelques constats d’abord. Le profil des enfants a évolué : les situations dégradées augmentent, tout comme les besoins en santé et le nombre d’enfants en situation de handicap ou de souffrance psychique grave.
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Plus de la moitié des établissements sont suroccupés. « Le taux d’occupation moyen est de 116 %, ce qui implique une sur-activité chronique, une qualité de service dégradée et une incapacité à effectuer des accueils d’urgence dans des conditions adaptées aux besoins des enfants, voire à refuser l’accueil des enfants qui restent à l’hôpital et pour qui les mesures de protection ne peuvent pas être pas exercées », explique le Gepso.
Le taux d’encadrement s’avère insuffisant. D’une part, au regard de l’arrêté de 1974 qui encadre le fonctionnement des pouponnières. D’autre part, au regard de l’évolution de l’activité : « arrivée de bébés de plus en plus jeunes et non marcheurs ; forte augmentation du travail réalisé auprès des parents dans un environnement départemental qui n’est pas toujours porteur de cette exigence ; et forte augmentation des temps de travail administratif (traçabilité ; démarche qualité…) ».
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Les établissements interrogés évoquent également des difficultés de recrutement. En priorité pour les postes de médecins, de puéricultrice ou d’auxiliaire de puériculture et de psychologue.
A partir de ces différents constats, le Gepso formule neuf enjeux qui « portent un potentiel de changement pour l’avenir des pouponnières » :
- L’invisibilité et la méconnaissance de ce secteur qui comporte très peu de données consolidées
- L’absence de vision stratégique territoriale marquée par une faible articulation avec les schémas départementaux de protection de l’enfance
- Les difficultés de partenariats, notamment avec les acteurs du soin
- La dévalorisation du modèle institutionnel qui n’est pas en adéquation avec l’augmentation des besoins en places d’accueil
- La nécessité d’une mise à jour des projets psycho-pédagogiques des établissements
- La nécessité de développer des nouvelles solutions d’accueil, et d’améliorer les taux d’encadrement
- La nécessité d’une réelle prise en compte du travail réalisé auprès des familles qui se fait jusqu'ici à moyen constant, au détriment de l’encadrement des enfants
- La difficulté liée à la faible attractivité des emplois
- La demande d’un travail en réseau pour soutenir les pratiques
Cet état des lieux, souligne le Gepso, est la première étape d'un travail beaucoup plus vaste à conduire sur les pouponnières en France. L'association appelle « à réactiver les travaux nationaux d'ampleur permis par l'opération pouponnières dans les années 1970 ». Cela permettrait une actualisation des référentiels pour les professionnels au regard de l'évolution des connaissances scientifiques.
Début 2025, le Gepso remettra ses propositions sur les taux d’encadrement dans les pouponnières.
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