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Accompagnement des MNA : « Regarder nos pratiques sous un autre angle »

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A droite de la photo, Géraldine Bidel, conseillère en économie sociale et familiale, à gauche, Béatrice Campart, éducatrice.

Crédit photo : DR
Le programme Passer’Aile permet l’immersion de travailleurs sociaux ouest-africains au sein de structures d’accueil de mineurs non accompagnés (MNA) françaises, italiennes et espagnoles. Porté entre autres par l’association Futur au Présent et Apprentis d’Auteuil, le dispositif a bénéficié au début d’année à une maison d’enfants à caractère social (MECS) de Lisieux (Normandie). Géraldine Bidel, conseillère en économie sociale et familiale et Béatrice Campart, éducatrice, font le bilan après le départ de Jean-Emile Ndiaye, un éducateur sénégalais.

Actualités sociales hebdomaires : Qu’a permis cet échange avec un éducateur d'un pays étanger ?

Géraldine Bidel : Il y a eu beaucoup de partage d’expérience. Le fait d’avoir pendant deux mois une personne extérieure à l’institution nous a permis de regarder nos pratiques sous un autre angle et de prendre un peu de hauteur. Jean-Emile nous a, par exemple, fait remarquer que l’accompagnement individuel était très présent au sein du service au détriment de l’accompagnement collectif. Il a été étonné, car au Sénégal la présence sur le terrain est plus forte. Avec lui, nous avons mis en place des temps informels, comme des ateliers et des goûters, que nous ne prenions plus le temps d’organiser. Nous avons également proposé un accompagnement administratif au sein des lieux de vie pour favoriser le lien avec les jeunes et le vivre-ensemble.

Béatrice Campart : Oui, dans notre service MNA, nous accueillons aujourd’hui les jeunes dans des petites maisons. Nos bureaux sont situés à l’extérieur des lieux d’hébergement et c’est au jeune de se déplacer quand il a besoin de nous solliciter ou lorsqu’il y a des démarches administratives. Grâce aux observations de Jean-Emile, nous nous sommes rendu compte de l’importance de nous rencontrer sur d’autres temps, comme celui du repas, qui permettent plus d’échanges. Nous souhaitons désormais installer notre espace de travail au sein des lieux de vie.

Prévoyez-vous d’inscrire dans la durée d’autres actions mises en place durant ces deux mois ?

Géraldine Bidel : D'anciens jeunes de notre institution reviennent régulièrement lorsqu’ils ont des questions administratives ou des doutes sur leur projet professionnel. Jean-Emile a mis en lumière l’importance de les mettre en relation avec les nouveaux arrivants afin de créer un dialogue et de susciter l’envie. Nous avons donc organisé un goûter auquel les « anciens » étaient conviés. L’échange s’est déroulé naturellement, ils ont partagé leur évolution au sein de l’institution et leur parcours professionnel. Nous allons essayer d’instaurer cette rencontre une fois par mois pour que cela devienne un rituel. Nous souhaitons également garder le contact avec Jean-Emile. Nous aimerions développer des projets autour du développement durable, de l’écologie, avec les jeunes de notre structure et ceux qu’il accompagne au Sénégal.

Des enjeux interculturels entre les jeunes et les professionnels ont-ils été mis en évidence ?

Géraldine Bidel : Oui. Lorsque nous travaillons sur des démarches de régularisation, notamment au niveau des actes d’état civil, nous pouvons être confrontés à des difficultés face à l’administration française. Jean-Emile nous a apporté un éclairage sur les déclarations de naissance. Il nous a expliqué que les parents biologiques n’établissaient pas toujours les demandes d’état civil et que cela pouvait être réalisé par une personne de l’entourage sachant lire et écrire. En nous fournissant ce document, le jeune n’est pas toujours en mesure de nous expliquer comme il a été réalisé.

Béatrice Campart : Parfois, cela a même pu créer du doute au sein de l’équipe. Si nous n’avons pas conscience que les démarches sont différentes de celles de la France, nous pouvons nous demander si le jeune ment. Alors que non, il ne sait pas, tout simplement.

Cela vous permet-il aujourd’hui de mieux construire les dossiers ?

Géraldine Bidel : Oui, nous serons plus vigilants maintenant. La demande de nationalité française d’un de nos jeunes a été rejetée car l’acte d’état civil n’a pas été établi par les parents biologiques, mais par un oncle. Pour ce cas, nous sommes sur une démarche de recours, mais la prochaine fois nous justifierons la situation pour consolider le dossier.

 

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