C’est à domicile que les chances de les croiser sont les meilleures. Là, les techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF) passent en effet le plus clair de leur temps. Dans la droite ligne des travailleuses familiales, les TISF conservent des anciennes fonctions qu’elles occupaient avant la création du titre professionnel en 1999, leur vocation à intervenir au domicile familial. Et si depuis, leurs missions et le public accompagné se sont élargis, leur champ d’action reste centré sur un accompagnement au cœur des familles rencontrant des difficultés pouvant affecter l’équilibre de la cellule familiale, le lien parental, l’inclusion sociale ou le développement de l’enfant. Leur rôle peut donc tout aussi bien être préventif, éducatif, d’accompagnement ou de soutien. A cette fin, ces professionnels sont habilités à intervenir dans et à l’extérieur des foyers, qu’il s’agisse d’aider à la gestion de l’entretien du domicile ou du budget, d’épauler les parents dans l’éducation de leurs enfants ou de contribuer à l’insertion sociale des personnes en voie de marginalisation. Dans toutes ces missions, les TISF s’appuient sur les actes de la vie quotidienne : préparer un repas, faire une toilette, prendre soin d’un nourrisson à la sortie de la maternité ou aide aux devoirs des plus grands, mais toujours dans le but précis de favoriser l’autonomie des bénéficiaires.
« Faire avec »
En aucun cas, il ne s’agit de se substituer à la famille dans ses tâches. L’intervention est fondée sur le « faire avec » ; ce qui le différencie notamment de l’aide à domicile, avec lequel il est encore régulièrement confondu. « Quand je suis amenée à faire quelque chose de l’ordre du quotidien, je le fais dans un but pédagogique. Si je sors et plie le linge, par exemple, c’est que la personne m’a confiée qu’elle ne savait pas comment faire et qu’elle souhaitait apprendre », illustre Sara Richard, TISF à l’ADMR Enfance et parentalité 73. Aux assistants sociaux, auxiliaires de puériculture, sages-femmes, médecins, infirmiers avec lesquels ils collaborent au sein des associations ou des collectivités locales qui les emploient, les TISF apportent un regard unique. Leur atout : être les seuls à soutenir aussi longtemps les familles. Ils sont de ce fait les témoins fidèles de ce qu’il s’y passe et les mieux placés pour réagir. C’est pourquoi, leur expertise les conduit aussi à intervenir dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance (ASE) où ils tiennent un rôle majeur dans le repérage de situations de maltraitance. « Environ la moitié de nos interventions relèvent d’une mesure de protection et de prévention. On peut ainsi encadrer les visites médiatisées au domicile de l’un des parents ou être en soutien avant le placement des enfants », décrit Sara Richard.
Travail de dentelle
S’impliquer ainsi dans le quotidien des familles est une tâche délicate. Le TISF doit parvenir à instaurer un climat de confiance sans brusquer. Patience, écoute et diplomatie sont les maîtres mots d’un accompagnement de qualité. « Il n’est pas question d’arriver avec nos gros sabots pour rentrer dans l’intimité des personnes. C’est un véritable travail de dentelle pour que les personnes acceptent d’ouvrir leur porte et de se laisser guider », prévient Anne Zatar, TISF pour l’association Le Lien à Libourne (Gironde). Longtemps méconnu, le métier s’impose désormais comme un pilier de l’accompagnement social. Signe de leur reconnaissance, les TISF sont désormais engagés dès la fin de leur formation. Cette dernière consiste en l’obtention du diplôme d’Etat de TISF (DETISF) et donne les outils nécessaires à ces futurs experts du quotidien des familles, de plus en plus éloignés de l’image un peu surannée des travailleuses familiales du siècle dernier.
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