Une fille qui se dévalorise et ment tout le temps. Un garçon collé à sa mère. Un adolescent mutique et violent… Scènes ordinaires au centre médico-psycho-pédagogique Claude Bernard, le premier CMPP créé en 1946 à Paris. Clara Bouffartigue y a posé sa caméra pendant plus d’un an pour réaliser Loup y es-tu ?. Un documentaire où les « psys » prennent soin des enfants qui ont « un tigre coincé dans le soleil », comme le décrit joliment un petit garçon, mais également de leurs parents, empêtrés dans leurs angoisses et dans leurs doutes. « C'est quoi être une bonne maman ? », demande une mère qui se sent impuissante face à sa fille.
Un groupe de paroles est réservé aux ados. Focus sur leur malaise : « C'est comme si on était tellement en colère qu'on préfèrerait mourir plutôt que de dire ce qui ne va pas », résume un jeune. Un autre a des idées noires parce son père, avocat, lui dit qu'il a saboté son avenir. Il y a aussi des enfants qui portent leurs parents, des pleurs, des rires, etc.
« Pour moi, le loup c'est l'inconscient et donc faut-il avoir peur du loup ? », s’interroge la réalisatrice. Le loup représente aussi le jeu, utilisé au même titre que les livres, les objets, les dessins… comme outils de médiation pour décrypter ce qui se cache derrière les symptômes et les non-dits. « Dans un jeu vidéo, on peut tout détruire, tuer », souligne un professionnel.
« Ici, on joue, on rêve, on imagine, bref on fait du bruit qui devient parole, à distance des dogmes stériles et mortifères, à distance aussi des impostures scientistes qui réduisent l’âme humaine à des “troubles neurodéveloppementaux” et autres fadaises », commente le psychanalyste Roland Gori.
Une approche qui fait du bien.