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Santé mentale : des leviers d’actions pour les HLM

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Le 83e congrès des HLM à Nantes.

Crédit photo Eléonore de Vaumas
Sujet de préoccupation important pour les bailleurs sociaux, la santé mentale était le thème d’une rencontre professionnelle lors du 83e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat (USH) qui avait lieu à Nantes (44) du 3 au 5 octobre derniers. De quoi partager les clés d’une démarche efficace de prévention et d’intervention de ces acteurs en faveur d’un maintien à domicile des personnes en situation de fragilité psychique.

Dans les organismes HLM bretons d’Aiguillon, la démarche d’accompagnement des locataires faisant l’expérience de troubles psychiques est prise très à cœur. Pour cela, un « protocole » d’intervention en cinq étapes a été formalisé, les travailleurs sociaux ont été formés aux premiers secours en santé mentale et une fiche de détection des signaux faibles est à la disposition de tous les coordinateurs de terrain. Objectif : repérer dès l’apparition d’une fragilité et agir au plus tôt pour éviter la dégradation des troubles. « Il en va de notre mission de garantir le bien-être et l’épanouissement personnel de nos locataires et d’assurer une tranquillité résidentielle sur l’ensemble de notre parc, mais la finalité de notre démarche est aussi et surtout de prévenir les expulsions », justifie Patricia Ferron, responsable du pôle développement social et innovations de ce groupe.

Une démarche d’autant plus légitime que les bailleurs sociaux sont susceptibles d’accueillir et de loger davantage de personnes aux prises avec des fragilités psychiques. « On sait que pauvreté monétaire et précarité sociale sont souvent liées, mais aussi que la précarité est un facteur de fragilité sur la santé mentale. Ils sont donc en première ligne, mais ils ne peuvent pas agir seuls », prévient Pascale Estecahandy, coordinatrice nationale du « Un chez-soi d’abord » au sein de la Dihal (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement).

Créer des ponts

Cette fragilité nécessite de fait une collaboration étroite entre acteurs. Ce dans un double intérêt d’éviter l’isolement des bailleurs mais aussi de faire émerger des actions communes. « Les apports des espaces de coopération, tels que les CLSM (conseils locaux en santé mentale), DAC (dispositif d’appui à la coordination) ou encore PTSM (projet territorial de santé mentale), sont dans ce sens devenus incontournables au quotidien pour les bailleurs. Depuis la crise Covid, ils sont confrontés à de plus en plus de situations de ce type et ils ont besoin de conseils et de diagnostics partagés pour trouver des solutions concrètes », abonde Sandrine Bloch-Ramdine, responsable sociale au sein du groupe Partenord Habitat qui dispose d’un parc social dans les territoires du Nord (59) et de l’Aisne (02).

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Des solutions, telle la mise en place d’équipes mobiles ayant pour mission d’aller vers les locataires confrontés à des difficultés psycho-sociales. « L’idée est de soutenir nos professionnels de proximité qui sont parfois démunis face à de telles situations, mais surtout de proposer un accompagnement adapté aux bénéficiaires de nos logements », décrit Cécilia Rosette, responsable des politiques sociales pour l’ICF Habitat La Sablière qui gère plus de 40 000 logements sociaux en Ile-de-France.

Diagnostic, accompagnement pluridisciplinaire, prise en charge plus régulière, aménagements construits sur-mesure... ce dispositif présente de nombreux avantages. Il s’avère aussi particulièrement efficace pour le maintien dans le logement dans un contexte où les soins de santé mentale font l’objet d’un virage ambulatoire. « Ce travail est possible parce que nous partageons avec les bailleurs la même volonté de repérer, comprendre et soutenir les personnes présentant des troubles psychiques. Au niveau individuel comme collectif, tout le monde a un intérêt à favoriser le bien-être de ces personnes dans le lieu de vie », analyse Néville Rigaux, chef de service à l’association Aurore.

Outiller les non-spécialistes

Pour repérer et signaler, les bailleurs disposent aussi d’outils, qu’ils sont de plus en plus nombreux à utiliser dans leurs organismes HLM. Parmi eux, trois se détachent pour leurs résultats probants, selon les premiers résultats d’une consultation lancée en janvier dernier par la Dihal et l’USH (1) : d’une part, la formation aux premiers secours (PSMM), permettant d’offrir aux non-professionnels de la santé mentale les premières clés pour appréhender les troubles, de l’autre, la création de cellules internes de veille et d’alerte dédiées aux cas complexes pour le déploiement d’un circuit de décisions efficace, et enfin la formalisation d’une fiche de détection des signaux faibles facilement utilisable par les acteurs de proximité.

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« Il y a des signaux visibles, tels que les plaintes du voisinage avec une ampleur inhabituelle, l’impossibilité de rentrer en contact avec le locataire, une boîte aux lettres pleine, et il y a les invisibles, associés à des modes d’occupation du logement atypiques ou des problèmes d’hygiène importants. Ceux-là, cumulés aux premiers doivent nous alerter, informe Patricia Ferron. Nous jouons ainsi pleinement notre rôle de bailleur tout en nous inscrivant dans une approche préventive globale en faveur de la santé mentale de nos bénéficiaires. »


(1) Consultation réalisée auprès d’une soixantaine de participants issus du monde des bailleurs sociaux, du milieu associatif, de la santé, du social et des services déconcentrés de l’Etat. Un guide opérationnel sera publié d’ici fin 2023 reprenant l’ensemble des enseignements et mettra en lumière des exemples concrets et des liens utiles.

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