La Fédération nationale des Samu sociaux (FNSS) publie annuellement un rapport sur les maraudes. « A périmètre national, cette étude a pour objectif d’alimenter la connaissance sur le sans-abrisme et donc l’observation sociale afin d’éclairer les choix des responsables politiques », renseigne l’organisation en introduction de la publication, mercredi 8 novembre, de l’édition 2023 (voir la méthodologie de l’enquête en encadré). Principale conclusion de cette étude : « en cet automne 2023, notre pays compte un nombre de personnes sans-abri jamais égalé ». Voici les principales données :
- Les personnes sans abris sont à 77% des hommes et 23% des femmes. Ce sont essentiellement des personnes isolées (80%), âgées de 25 à 69 ans pour la majorité d’entre-elles (70%). A noter que 7% des sans abris sont mineurs.
- En 2022, les équipes de maraudes sont entrées en contact à 412 525 reprises avec des personnes à la rue, soit 4 484 contacts par équipes en moyenne sur l’année. « Toutefois, il existe des différences de fonctionnement importantes entre structures (territoire d’intervention, moyens à disposition, fréquence de réalisation des maraudes). Elles expliquent les fortes disparités quant au nombre de contacts réalisés par les maraudes », souligne la FNSS.
- Au total, les équipes ont rencontré 55 939 personnes différentes, dont 16 532 à Paris.
- Sur le terrain, les trois prestations principales comptabilisées sont : les distributions (nourriture, couvertures, vêtements, kits hygiène…), réalisées par 65 équipes ; les accompagnements physiques et les visites (hébergement, administratif, soins, hygiène), réalisés par 57 équipes. Puis arrivent conjointement les entretiens individuels et/ou collectifs avec la personne rencontrée ainsi que l’établissement d’une orientation vers d’autres dispositifs auxquels les personnes concernées pourraient faire appel, réalisés par 48 équipes.
- De plus, 70 équipes déclarent réaliser des maraudes en partenariat. Ces partenaires sont diversifiés : associatifs, services spécialisés dans les domaines médico-sociaux au sens large (Équipes Mobiles d’Évaluation et d’Orientation Sanitaire, Équipes Mobiles Psychiatrie Précarité, Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues…).
Fort de ces données, la FNSS rappelle que « la lutte contre le sans-abrisme passe en premier lieu par l’accroissement de l’offre de logements à loyer modéré, en augmentant les marges financières des bailleurs sociaux et en soutenant l’encadrement des loyers ». Avec pour ambition de « résorber le sans-abrisme et de lutter contre toutes les formes d’exclusion », elle préconise de :
- Garantir l’effectivité du droit au logement sinon à l’hébergement. Cela passe, entre autres, par « renforcer, en urgence, le parc d’hébergement à hauteur des besoins territoriaux repérés et garantir une égalité de traitement de la demande d’hébergement de « toute personne en situation de détresse médicale, psychique ou sociale ».
- Renforcer les maraudes. Il s’agit avant tout de « positionner les maraudes comme un acteur central de la mise en œuvre du droit au logement sinon à l’hébergement (intervention d’aller vers et pratiques favorisant le recueil de l’expression de la demande ainsi que l’autodétermination des personnes rencontrées).
- Favoriser l’accès aux soins psychiques des personnes à la rue. La FNSS recommande, entre autres, de « développer sur chaque territoire des équipes mobiles psychiatrie précarité coordonnées avec les équipes du Samu social » et de « favoriser l’accueil des personnes sans abri dans les structures médico-sociales de droit commun (Foyer d’Accueil Médicalisé, Foyer de vie, Ehpad…) ».
>>> Lire le rapport annuel de la FNSS
Méthodologie de l’enquête
Cette année, 119 équipes de maraudes et Samu sociaux ont pris part à l’étude. Comme lors de l’édition précédente, les données ont été collectées selon deux modalités :
- Un questionnaire créé à l’occasion de l’étude en 2022, et qui a été repris presque à l’identique cette année. 86 équipes de maraudes et Samu sociaux ont répondu, en augmentation de presque 22% par rapport à l’an dernier.
- Une collecte de données par l’intermédiaire de la Croix-Rouge française auprès de ses équipes. Cette collecte a rassemblé les données de 33 équipes, en diminution de 55% par rapport à l’édition 2022.
Les données portent sur deux axes principaux :
- L’activité des équipes de maraudes et Samu sociaux, incluant des informations sur les caractéristiques des équipes et structures porteuses, le nombre de contacts réalisés et de personnes différentes rencontrées, et les missions des maraudeurs et maraudeuses.
- Le profil des personnes rencontrées, avec des indicateurs généraux (genre, âge, type de ménage), des indicateurs plus spécifiques (nationalité, présence d’animaux), et enfin des indicateurs d’accès aux droits (ressources, couverture médicale, suivi social).
