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JOP 2024 : coup d'accélérateur sans précédent sur les expulsions

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20 000 personnes ont été expulsées de leur lieu de vie durant les JOP 2024.

Crédit photo Adobe stock
Le collectif Le Revers de la médaille a sonné l'alerte sur l'ampleur et la précipitation des déplacements des publics vulnérables, pas toujours suivis d'une mise à l'abri. Avec une conséquence préoccupante : l’invisibilisation de la grande pauvreté a conduit des milliers de personnes à renoncer aux services sociaux et médico-sociaux.  

Le bilan des expulsions de lieux de vie informels durant les Jeux Olympiques et paralympiques (JOP) 2024 fait état de quelques 20 000 personnes déplacées, dont au moins 4 550 mineurs. Dans un rapport publié le 4 novembre, le collectif Le Revers de la médaille, qui s'est donné pour mission de mesurer l’impact social des jeux, pointe du doigt une augmentation de 40 % des expulsions, entre avril 2023 et septembre 2024.

Protection sociale en suspens

« L’accroissement des évacuations sans diagnostic social préalable, pourtant obligatoire, se révèle courant », détaille Thomas Dufermont, chargé de mission au Collectif national droits de l’homme Romeurope, à l’occasion d’une conférence de presse organisée pour la sortie du rapport. « Seules 36 % des expulsions ont donné lieu à des mises à l’abri, contre 60 % en 2021 et 2022. Près de 78 % des expulsions s’organisent dans des délais très courts ».

> Sur le même sujet : JOP 2024 : la dernière phase du nettoyage social

Sur la période, 260 évacuations ont ainsi été menées en Ile-de-France, laissant sans protection la majorité des individus concernés.

« Les expulsions ont eu lieu sur une période au long court », pointe Camille Gardesse, sociologue et urbaniste engagée avec le collectif d’accès aux droits. « En grande exclusion, ce public se compose de personnes exilées. La précarité administrative les conduit à s’installer dans des lieux de vie informels », rappelle -t-elle.

Régulation par l’urgence

Selon le rapport, l'invisibilisation s'est faite en deux temps : d’abord la délocalisation des personnes migrantes vers d’autres régions, avec une accélération des opérations dans les mois précédents les JOP. Ensuite, la mise à l’abri de 256 individus sans-abri au sein d’hébergements situés en Ile-de-France, organisée sur une courte période avant l’ouverture de l’événement. Le tout, avec l’installation de mobiliers répressifs qui empêchent la réinstallation d’habitats informels.

« Avec une accélération des évacuations et des solutions de proximité trouvées, pour aller plus vite ! », souligne la sociologue. « Il y a eu un effet JOP. En 2024, 45 évacuations ont eu lieu sur huit mois. 26 d’entre elles ont occasionné des mises à l’abri, qui ne sont d’ailleurs pas pérennes », observe-t-elle.

Autant d’actions aux conséquences délétères sur le plan social et médico-social. Sans lieu fixe pour s’installer, les personnes ne bénéficient pas de soutien pour engager une insertion.

> A lire aussi : JOP 2024 : Rétrospective d’une année de nettoyage social

Fête versus marginalisation

Particulièrement massives durant les JOP, les présences policières ont renforcé les conséquences subies par les sans-abri. Ces derniers préférant renoncer à l’accès aux droits et aux soins pour éviter des incarcérations menées en réponse à des problèmes d’ordre humanitaire.

« Si les lieux où les gens étaient tolérés avant n’existaient plus pendant les jeux, l’exception se prolonge », note, pour sa part Paul Alauzy, porte-parole du collectif et coordinateur veille sanitaire migrants et permanence psy pour Médecins du monde.

Miser sur la projection 

Autre constat : des pressions de la préfecture de Paris Ile-de-France auraient été exercées sur les maraudes, au moment des expulsions. « Nous avons des doutes quant à la pérennité des places ouvertes, nous resterons vigilants », assure Aurélia Huot, avocate en charge du barreau de Paris Solidarité. « Le constat est amer. Si 1 % du budget des JOP avait été donné pour les plus démunis, les 3 500 personnes à la rue dans le secteur de la capitale auraient bénéficié de solutions ».

Face au bilan, le collectif formule des recommandations pour les prochains organisateurs. Parmi elles, l’élaboration d’une charte sociale ou la consultation systématique des populations hôtes. Faute d’être parvenu à ouvrir un cycle de concertations avec l’ensemble des parties, Paul Alauzy reconnait que la période « aura permis de faire travailler ensemble des professionnels des secteurs de la solidarité et du médico-social ».

>> Consulter le rapport final du collectif Le Revers de la médaille

 

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