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JOP 2024 : la dernière phase du nettoyage social

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A quelques jours des JO, les évacuations forcées se multiplient.

Crédit photo Luc Auffret / Anadolu / AFP
Alors que les Jeux olympiques et paralympiques débutent ce 26 juillet, la tension se renforce sur les publics à la rue.    

Entre colère et incompréhension, les discours se suivent et se ressemblent. A quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024, le collectif associatif Le Revers de la médaille continue de braquer les projecteurs sur le nettoyage social à l’œuvre depuis un an. Démantèlement de campements, orientation des publics à la rue vers des sas de desserrement basés dans une dizaine de départements… Après le déplacement de plus de 12 000 personnes ces derniers mois, l’étau se resserre encore davantage depuis dix jours autour des publics à la rue. Les espaces occupés font désormais place à des bancs, des grilles ou des blocs de béton. Une situation que le collectif a décidé une fois encore de dénoncer ce 16 juillet, en organisant un rassemblement sur les bords de Seine de Paris en présence des premiers concernés.

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Abdi, expulsé 100 jours avant les Jeux

« Je suis réfugié sous protection subsidiaire », témoigne Abdi. « Je suis en errance depuis trois mois car j’ai été expulsé du squat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Quatre ou cinq bus sont venus ce matin-là », se souvient-il. « Nous pouvions être orientés vers d’autres régions mais ma situation ne me le permet pas. J’attends la délivrance d’une carte de séjour et d’un passeport en Ile-de-France où je dois également effectuer une formation. Je dois donc rester. »

Même désarroi pour Jocelyne, diabétique et mère de deux enfants : « Je n’ai pas pu prendre mes médicaments depuis deux semaines. Un de mes enfants est malade et la vie à la rue terrible. Nous restons ici car toutes nos activités sont basées sur Paris. Que pouvons-nous faire à présent ? Je suis épuisée et je ne me repose pas. Chaque matin, nous prenons nos affaires et nos matelas pour nous déplacer et attendre le soir », explique-t-elle.

Mobilisation des professionnels durant l'été

Autant de situations bien connues des travailleurs sociaux dont l’exercice est mis à mal par les actions diligentées par les forces de l’ordre, au nom de la « sécurité » et d’une capitale aseptisée. Entre évacuations et isolement, les professionnels perdent de vue de nombreuses personnes. Et les 3 000 places d’hébergement en hôtels sociaux fermées en 2023 aggravent une situation déjà tendue pour un public condamné à survivre, faute d’avoir accès à ses droits et à un accompagnement cohérent.

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« Quand elles obtiennent des places via les services du 115, les familles se retrouvent hébergées durant une semaine dans des hôtels sociaux éloignés, sur des communes des Yvelines ou de Seine-et-Marne par exemple », souligne Bénédicte Maraval, assistante de service sociale pour l’association Comede (Comité pour la santé des exilés). « Là où elles se trouvent, je ne peux pas les orienter vers des banques alimentaires. Pour manger, elles doivent donc revenir à Paris sans bénéficier d’aide pour payer leur titre de transports. »

Avec l’arrivée imminente des jeux, une alternative a été trouvée : l’ouverture de centres d’accueil et d’examen des situations (Caes). Impulsés par la direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement (Drihl) en mars dernier, ces nouveaux sites dits « tampons » permettent d’héberger le public à la hâte. « Manifestement, la préfecture d’Ile-de-France maintenait des centres vides depuis plusieurs semaines en vue de les remplir maintenant pour la période des JOP », détaille le collectif. Une information connue de longue date des opérateurs publics du secteur. Cette semaine, quotidiennement, de nombreux campements sont ainsi démantelés, comme en témoignent plusieurs vidéos publiées sur le réseau social X.

Isolement et décompensation psychique

« C’est extrêmement complexe d’accompagner dans ces conditions », affirme Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde Paris et porte-parole du collectif Le Revers de la médaille. « En raison des nombreux déplacements, nous perdons le lien avec des personnes que l’on connaissait depuis plusieurs années. Quand vous exercez une mission d’accompagnement sociale ou médico-sociale, vous devez gagnez la confiance des communautés pour pouvoir aider. A présent, les publics à la rue doutent de nous et affirment que la situation empire. »

Pour faire face, les associations du collectif se coordonnent pour rester mobilisées durant tout l’été. Des maraudes nocturnes sont prévues, ce qui oblige les salariés à revoir les dates de leurs vacances dans un contexte d’épuisement chronique du secteur. Côté publics, de nombreuses conséquences sont déjà avérées. Parmi elles, la décompensation psychique liée à l’isolement et au sentiment de désespoir.

« Loi anti-squat, loi immigration… Tout est prêt pour faciliter la répression des personnes les plus précaires durant les jeux ! », fustige Paul Alauzy. « Nous sommes très inquiets. La France est la septième puissance mondiale, le rendez-vous avec l’histoire et les droits de l’Homme est raté. »

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